Document d'enregistrement Universel 2022

1. Le Groupe, sa stratégie et ses activités

Exploration et production

En 2022, Edison a poursuivi sa sortie des activités d’exploration et production (E&P) grâce à la signature d’un accord pour la cession de sa participation dans Reggane Nord (Algérie) à Repsol et Wintershall Dea. Cette opération, soumise à validation des autorités locales, devrait se conclure au cours du premier semestre 2023.

1.4.6.3 Le Plan Hydrogène d’EDF

En avril 2022, EDF a lancé son 5e  plan industriel, le Plan Hydrogène, avec l’ambition de développer 3 GW de projets d’hydrogène électrolytique dans le monde d’ici 2030 et de se positionner ainsi comme l’un des leaders européens de la production d’hydrogène électrolytique bas carbone (à partir d’électricité renouvelable, nucléaire ou de réseau bas carbone) (1).

La production d’hydrogène bas carbone au service de la décarbonation des secteurs de l’industrie et du transport

Ce 5e plan industriel qui vise à accompagner la décarbonation des usages dans l’industrie et le transport s’inscrit dans la stratégie CAP 2030 du Groupe. En complément de l’électrification directe, le développement de l’hydrogène bas carbone jouera en effet un rôle essentiel pour atteindre la neutralité carbone, notamment pour décarboner en profondeur les process industriels tels que la chimie (production d’ammoniac et de méthanol), le raffinage et la sidérurgie.

L’hydrogène bas carbone produit à partir d’électrolyse de l’eau a également un rôle majeur à jouer pour décarboner la mobilité lourde. Dès aujourd’hui, il peut contribuer à décarboner des écosystèmes territoriaux (bus, bennes à ordure, camions et trains dans les zones non électrifiées…). À l’avenir, les dérivés de l’hydrogène (e-carburants) permettront de décarboner les transports aérien et maritime.

Le groupe EDF dispose de solides atouts pour se positionner largement dans la chaîne de valeur de l’hydrogène
L’expertise

EDF peut s’appuyer sur son expertise dans l’hydrogène électrolytique, développée de longue date à la R&D d’EDF dans le cadre de sa politique d’innovation. Les premiers travaux de la R&D ont en effet été engagés dès les années 1970. De plus, l’hydrogène électrolytique est, depuis 2003, au cœur de l’expertise développée par EIFER (2) ainsi que sur la plateforme de test des électrolyseurs mise en service depuis 2020 sur le site d’EDF R&D, EDF Lab Les Renardières.

En 2018, EDF a pris une participation dans le fabricant français d’électrolyseur McPhy afin de renforcer l’expertise industrielle du Groupe.

En 2019, EDF a créé Hynamics. Cette filiale, détenue à 100 %, commercialise des solutions de décarbonation par de l’hydrogène pour les segments de l’industrie et du transport lourd. Forte de son modèle investisseur et exploitant/mainteneur, elle offre des solutions clé en main sur le territoire français et, plus généralement, en Europe.

En 2021, EDF a pris une participation dans le fonds d’investissement dédié à l’hydrogène Hy24.

Le positionnement dans la chaîne de valeur

À l’amont, le groupe EDF peut s’appuyer sur son parc de production d’électricité décarbonée (parc nucléaire et renouvelable avec des actifs dans plus d’une vingtaine de pays), ses expertises d’ingénierie contractuelle et de management d’énergie, sa capacité à construire des projets intégrés, en optimisant par exemple le couplage entre production d’hydrogène et production d’électricité renouvelable dans les zones les plus favorables.

Concernant la production d’hydrogène et de ses dérivés (3), le Groupe dispose déjà d’une expertise et d’une expérience opérationnelle grâce aux premiers projets développés et mis en service par Hynamics. Il pourra également s’appuyer sur l’expertise des ingénieries du Groupe dans l’intégration de grands projets industriels et sur son expérience en termes de gestion de la sécurité industrielle et de développement de projets dans le respect de ses engagements RSE.

Le Groupe développe d’ores et déjà des projets et dispose d’un pipeline significatif d’une soixantaine de projets d’hydrogène électrolytique d’un potentiel total supérieur à 1 GW
Projets hydrogène en France
Les projets pour l’industrie

En partenariat avec le groupe cimentier Vicat, le projet Hynovi vise à créer la première filière de production de méthanol décarboné en France à partir de CO2 capté et combiné avec de l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau. Le projet a été pré-notifié par l’État français à la Commission européenne dans le cadre de l’appel à projets PIIEC H2 (4). Avec une production de 200 000 tonnes de méthanol de synthèse par an, soit un quart de la consommation nationale, le projet permettra d’éviter près de 500 000 tonnes de CO2 par an.

Deux autres projets d’Hynamics ont également été sélectionnés dans le cadre du PIIEC et pré-notifiés auprès de la Commission européenne. Il s’agit d’un projet avec le fabricant d’engrais Boréalis et d’un projet avec Domo Chemicals, l’un des plus gros sites consommateurs d’hydrogène carboné de France au cœur de la vallée de la chimie lyonnaise.

Les projets de mobilité

Hynamics a été lauréate des appels à projet de l’ADEME mobilité (5) pour l’alimentation des bus de l’Agglomération de l’Auxerrois et du Grand Belfort.

Ainsi, à Auxerre, Hynamics et Transdev ont inauguré le plus grand site de production et de distribution d’hydrogène renouvelable en France. D’une capacité de 1 MW, la station AuxHYGen peut produire jusqu’à 400 kg d’hydrogène vert par jour par électrolyse de l’eau, permettant d’éviter l’émission de 2 200 tonnes de CO2 chaque année. À horizon 2025, l’ambition est d’étendre les capacités de production de ces installations de 1 à 3 MW.

Le 13  septembre 2022, le projet Mob’HyZEE a figuré parmi les lauréats du programme de financement «  Connecting Europe Facility Transport  » de la Commission européenne. Le projet de stations hydrogène, porté par Hynamics, sera subventionné à hauteur de 10,2 millions d’euros pour un investissement total de près de 40 millions d’euros.

Projets hydrogène en Allemagne

En août 2020, la JV Westküste100, dans laquelle Hynamics détient 24 % des parts, a été lauréate d’une aide de 15  millions d’euros. Elle vise l’installation d’un électrolyseur de 30  MW, l’un des plus importants d’Europe, sur le site de la raffinerie de Heide dans le Schleswig Holstein dans le cadre du programme allemand Reallabor. L’extension du projet, baptisé Hyscale100, a été pré-notifiée par l’État allemand à la Commission européenne dans le cadre de l’appel à projets PIIEC H2. Il prévoit le déploiement de près de 2 GW d’électrolyse d’ici 2030 pour répondre aux besoins en hydrogène de la raffinerie, mais également pour produire des carburants de synthèse.

Projets hydrogène au Royaume-Uni

EDF Renewables UK et Hynamics ont annoncé en 2022 leur intention d’investir de manière significative dans l’opération de Teesside. Ils soutiennent ainsi les ambitions des gouvernements locaux et nationaux pour régénérer la vallée de la Tees en investissant dans la décarbonation. « Tees Green Hydrogen » est un projet pionnier qui fournira aux clients professionnels locaux de l’hydrogène pour soutenir les efforts de décarbonation. Dans sa phase initiale, l’électrolyseur aura une taille de 30 à 50 MW, mais il est conçu pour pouvoir évoluer jusqu’à plus de 500 MW.

Projets hydrogène en Belgique

Avec le soutien d’Hynamics, Luminus est positionné sur plusieurs projets visant à développer, financer, construire et exploiter des sites de production d’hydrogène en Belgique.

(1) L’hydrogène est à ce jour fabriqué à plus de 95 % à partir d’énergies fossiles, ce qui génère du CO2, d’où son appellation hydrogène « gris ». L’hydrogène (H2) peut être créé soit à partir de méthane par vaporéformage, soit en scindant une molécule d’eau (H2O) par électrolyse, c’est-à-dire avec un courant électrique. L’hydrogène est considéré comme « vert » lorsque l’électrolyse est générée par de l’électricité renouvelable, soit bas carbone, lorsqu’il est produit à partir d’électricité nucléaire. Par conséquent, l’hydrogène « vert » ou bas carbone présente une solution intéressante afin de décarboner les secteurs où l’électrification directe n’est pas possible. C’est le cas des industries du raffinage, de la chimie ou encore du transport lourd.

(2) EIFER est le centre de recherche commun d’EDF et du « Karlsruher Institut für Technologie » (KIT) en Allemagne.

(3) Des carburants de synthèse (également dénommés e-carburants ou e-fuels) comme le e-méthanol, le e-ammoniac ou le e-kérosène peuvent être produits à partir d’hydrogène ; leur utilisation est de plus en plus largement envisagée pour contribuer à décarboner les transports maritime et aérien.

(4) PIIEC : Projets importants d’intérêt européen commun.

(5) ADEME : Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie.