Comme indiqué en janvier 2022, les inspections réalisées sur les assemblages combustible du réacteur n° 1 de Taishan, à la suite de l’aléa technique rencontré pendant son deuxième cycle d’exploitation, ont montré un phénomène d’usure mécanique de certains composants d’assemblages, un tel phénomène ayant déjà été rencontré sur plusieurs réacteurs du parc nucléaire français. Dans la perspective du démarrage de Flamanville 3, une solution a été instruite avec l’Autorité de sûreté nucléaire.
La stratégie proposée par EDF pour l’EPR de Flamanville (approvisionnement d’une soixantaine d’assemblages combustible renforcés) a fait l’objet d’une présentation en Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire le 7 juin 2022.
L’IRSN a remis en janvier 2023 un avis favorable par rapport à la stratégie proposée par EDF et l’ASN finalisera son instruction d’ici la fin du 1er trimestre.
Le chantier de remise à niveau des soudures du Circuit Secondaire Principal s’est poursuivi au cours du 1er semestre. La remise à niveau concerne 122 soudures (36 soudures de traversées et 86 soudures hors traversées).
Au 31 décembre 2022, 56 % sont réparées, 65 % sont contrôlées « conformes » avant traitement thermique de détensionnement (TTD) et 32 % sont terminées et conformes post TTD. Les soudures de traversée de l’enceinte de confinement qui étaient les plus complexes sont totalement finies et conformes.
Concernant les puisards de filtration RIS (Circuit d’injection de sécurité) / EVU (Circuit d’évacuation ultime), EDF a proposé un nouveau système de filtration dont les essais ont été jugés satisfaisants par l’IRSN. À la suite de ces essais, EDF a remplacé en septembre 2022 ces filtres en les équipant d’une maille de filtration plus fine. EDF a également décidé de réduire les quantités de débris potentiels dont le pouvoir colmatant sur les filtres est avéré. Ces travaux de réduction des débris potentiels sont quasiment achevés et devraient s’achever d’ici la fin du 1er trimestre 2023.
Suite aux constats de corrosion faits sur l’EPR d’Olkiluoto (Finlande) sur les soupapes du pressuriseur (soupapes PSRV), EDF et Framatome ont réalisé des contrôles sur ces matériels. Ils ont constaté également la présence de traces de corrosion sur les soupapes de l’EPR de Flamanville. EDF et Framatome ont décidé de prendre en compte ce retour d’expérience en modifiant le matériau de certains composants des pilotes des soupapes. Plusieurs tests de résistance à la corrosion ont été réalisés pour sélectionner le meilleur matériau. Ces composants ont été fabriqués et seront installés début 2023 dans le bâtiment réacteur. L’ASN poursuit l’instruction du fonctionnement et de la fiabilité des soupapes du pressuriseur.
Le 16 décembre 2022, EDF a ajusté le calendrier du projet de Flamanville 3 : le chargement en combustible nucléaire du réacteur est désormais planifié au 1er trimestre 2024 (1). L’estimation du coût à terminaison passe de 12,7 milliards d’euros à 13,2 milliards d’euros (2).
Cette actualisation du calendrier est principalement liée aux études complémentaires qui ont été nécessaires afin d’établir un nouveau procédé de mise en œuvre du traitement thermique de détensionnement (TTD) (3) de certaines soudures remises à niveau ces deux dernières années, qui se trouvent à proximité de matériels sensibles pour le bon fonctionnement de la centrale.
Après le chargement en combustible nucléaire du réacteur, les opérations de démarrage se poursuivront, avec notamment des contrôles de tous les systèmes liés à la sûreté, des essais et des qualifications de matériels réalisés tout au long de la montée en température et pression de la chaudière, puis lors de la montée en puissance du réacteur. À 25 % de puissance, l’unité de production sera connectée au réseau électrique national.
L’EPR de Flamanville a franchi ces derniers mois de nouvelles étapes, dans sa phase de pré exploitation :
EDF mène depuis 2014 le « Grand Carénage », destiné à rénover le parc nucléaire français et à augmenter le niveau de sûreté des réacteurs, pour poursuivre leur exploitation significativement au-delà de 40 ans. La dernière estimation du coût du Grand Carénage pour la période 2014-2025 était estimée fin 2021 à 50,2 milliards d’euros courants. Ce chiffrage intégrait la réalisation des troisièmes visites décennales des réacteurs du palier 1300 MW, une part importante des améliorations de sûreté liées à l’intégration des enseignements de l’accident de Fukushima, dont la construction et la mise en exploitation de 56 diesels d’ultime secours, la création d’une source d’eau ultime par centrale nucléaire en exploitation et la réalisation des quatrièmes visites décennales des réacteurs de 900 MW.
Afin de permettre la poursuite des investissements nécessaires à l’exploitation en toute sûreté du parc nucléaire, significativement au-delà de 40 ans, le 31 mars 2022, le Conseil d’administration d’EDF a validé une nouvelle feuille de route pour le Grand Carénage, qui s’étend de 2022 à 2028. L’estimation des coûts sur cette nouvelle période de référence s’établit à 33 milliards d’euros courants, soit une dépense annuelle moyenne de 4,7 milliards d’euros. Cette extension du périmètre permettra de réaliser en particulier les études et la réalisation des quatrièmes visites décennales du palier 1300 MW, les études préalables à la poursuite d’exploitation, au-delà de 50 ans, des réacteurs de 900 MW, conformément à la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie adoptée en avril 2020, la réalisation d’opérations de maintenance et de rénovation de gros composants qui demeurent significatives, afin de permettre la poursuite d’exploitation des centrales au-delà de 50 ans. Cette extension du périmètre intègre aussi de nouvelles exigences de sûreté, issues de l’avis générique de l’ASN sur les quatrièmes visites décennales du palier 900 MW et du retour d’expérience des instructions en cours avec l’Autorité de sûreté nucléaire des quatrièmes visites décennales concernant les réacteurs 900 MW et 1 300 MW.
Les troisièmes visites décennales des réacteurs de 1 300 MW abordent leur dernière phase (les 5 dernières sont programmées en 2023 et 2024). Sur le palier 900 MW, 10 visites décennales 4 se sont terminées avec succès et une est en cours (Blayais 1). Sur le palier 1 450 MW, la dernière VD2 a été lancée sur le site de Civaux 2.
Le processus d’instruction de la phase générique du quatrième réexamen périodique du palier 1 300 MW, engagé en 2021, se poursuit avec l’ASN. L’instruction du passage des 30 ans du palier 1 450 MW a été initié avec l’ASN avec une TTS prévue en 2029.
Par ailleurs, des investissements majeurs liés au retour d’expérience de Fukushima ont été déployés : 56 diesels d’ultime secours ont été construits et mis en exploitation et chaque centrale dispose d’une source ultime d’eau pérenne ou provisoire. Des renouvellements de gros composants ont aussi été réalisés sur de nombreuses unités de production, dont le remplacement de générateurs de vapeur et le remplacement des pôles de transformateurs principaux.
Pour rappel, fin 2021, lors de contrôles de maintenance préventive sur le réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Civaux (Vienne), programmés dans le cadre de sa visite décennale, des défauts ont été détectés à proximité de soudures des tuyauteries du circuit d’injection de sécurité (RIS). Des contrôles préventifs ont été engagés sur les réacteurs de Civaux 2, Chooz 1 et 2, qui relèvent également du palier N4, et ont fait apparaître des défauts similaires. Dans le cadre de la visite décennale du réacteur n° 1 de la centrale nucléaire de Penly, des contrôles de maintenance préventive ont fait apparaître des défauts similaires sur le circuit RIS.
Les expertises et analyses réalisées durant l’année 2022 ont permis à EDF d’identifier les réacteurs dont les lignes des circuits d’injection de sécurité sont les plus sensibles au développement du phénomène de corrosion sous contrainte (CSC). Il s’agit des 16 réacteurs les plus récents : les 4 réacteurs du palier N4 et 12 réacteurs du palier 1 300-P’4.
(1) Voir communiqué de presse du 16 décembre 2022.
(2) En euros 2015 et hors intérêts intercalaires.
(3) Le traitement thermique de détensionnement (TTD) est une activité réalisée après une opération de soudage dans le but de relaxer les contraintes résiduelles de soudage et d’obtenir des caractéristiques mécaniques appropriées pour la pièce soudée.