Document d'enregistrement Universel 2022

1. Le Groupe, sa stratégie et ses activités

Par ailleurs, EDF a conclu un second type de contrat d’allocation de production adossé à un parc de centrales (pour un total de l’ordre de 2 GW). Si la durée du contrat et la contribution aux coûts fixes restent liées à des tranches du parc bien identifiées, le volume d’énergie vendu au coût variable du combustible est, en revanche, déterminé par le niveau de la disponibilité d’un parc de centrales de référence plus large, appliqué à la part de puissance réservée aux cocontractants sur les tranches concernées. Ces contrats concernent principalement les tranches suivantes :

  • Chooz B1-B2 (tête de série N4) : Electrabel (21,7 %) ;
  • Cattenom  3-4  : Électricité de Laufenbourg (7,8  %) et le groupement d’électriciens suisses CNP (21,8 %).

Dans ces deux types de contrats, les cocontractants ont partagé avec EDF les risques industriels lors du développement du parc. Ils assument les risques liés à l’exploitation actuelle des centrales. En revanche, ils n’ont aucun rôle opérationnel.

L’exploitation du parc nucléaire

Le nucléaire est un moyen de production dont le coût variable, essentiellement lié au combustible, est faible. Il représente en effet moins de 30  % des coûts d’exploitation (1). Le niveau de production atteint et l’optimisation des coûts d’exploitation fixes et des charges de maintenance sont donc les principaux leviers de compétitivité du parc nucléaire dans sa phase d’exploitation. Les leviers relatifs au cycle du combustible sont décrits à la section 1.4.1.1.2.3.

Cycle de production et arrêts programmés

EDF doit concilier les enjeux liés à la saisonnalité importante de la consommation en France, du fait de sa forte thermosensibilité, avec la disponibilité des ressources de maintenance et l’utilisation efficiente du combustible en réacteur. Ainsi, EDF a retenu pour son parc des cycles de production de 12 et 18 mois dont la répartition était la suivante à fin 2022 :

Palier Nombre de tranches Durée du cycle de production
Palier

900 MW

Nombre de tranches

28

Durée du cycle de production

environ 12 mois

Palier

900 MW

Nombre de tranches

4

Durée du cycle de production

 

Palier

1300 MW

Nombre de tranches

20

Durée du cycle de production

environ 18 mois

Palier

1450 MW (N4)

Nombre de tranches

4

Durée du cycle de production

 

À la fin de ces cycles de production ont lieu des périodes d’arrêt. Elles permettent de remplacer une fraction du combustible chargé en cœur et de réaliser les travaux de maintenance. Une alternance entre deux types d’arrêts programmés est organisée à l’issue de chaque campagne de production :

  • l’arrêt pour simple rechargement  (ASR) d’une durée normative d’environ 40 jours. La principale opération réalisée est le déchargement du combustible usé et le rechargement du combustible neuf. Certains tests et quelques opérations de maintenance sont également réalisés ;
  • la visite partielle (VP) d’une durée normative (2) d’environ 85 jours consacrée au rechargement du combustible et à la maintenance.

Tous les dix ans, la centrale est arrêtée afin d’effectuer une visite décennale (3) (VD). Sa durée est de l’ordre de 180 jours (4) en moyenne. Elle varie en fonction du programme de travaux et de maintenance ainsi que du palier concerné.

Le programme d’une visite décennale comprend :

  • des opérations de déchargement et rechargement du combustible, comme à chaque arrêt ;
  • une épreuve hydraulique du circuit primaire, une épreuve d’étanchéité de l’enceinte, et des travaux d’inspection de la cuve du réacteur ;
  • des travaux de modifications liés aux réexamens périodiques de sûreté ;
  • d’autres opérations de maintenance spécifiques, notamment la rénovation ou le remplacement de gros composants.

À l’issue de chaque VD, il revient à l’ASN de donner son accord sur le redémarrage du réacteur et d’émettre éventuellement des prescriptions techniques.

Cadre réglementaire

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN)

L’ASN est une autorité administrative indépendante qui participe au contrôle de la sûreté nucléaire, de la radioprotection en France et à l’information du public dans ces domaines.

Son activité s’articule autour des missions principales suivantes :

  • la contribution à l’élaboration de la réglementation, en donnant son avis au Gouvernement sur les projets de décret et d’arrêté ministériel et en prenant des décisions réglementaires à caractère technique ;
  • l’instruction de l’ensemble des demandes d’autorisation individuelles des installations nucléaires de base (INB). Elle accorde les autorisations, à l’exception des autorisations majeures des INB telles que la création et le démantèlement ;
  • le contrôle des installations qu’elle effectue à travers les inspections réglementaires sur site, programmées ou inopinées notamment à l’occasion des réexamens périodiques de conformité et de réévaluation de la sûreté, obligatoires pour la poursuite du fonctionnement de la centrale ;
  • l’information du public sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France ;
  • en cas de situation d’urgence, l’ASN contrôle les opérations de mise en sûreté de l’installation prises par l’exploitant. Elle informe le public de la situation et assiste le gouvernement. En particulier, elle adresse aux autorités compétentes ses recommandations sur les mesures à prendre au titre de la sécurité civile.
Fonctionnement du parc nucléaire d’EDF

Les moyens de production nucléaire, en raison de leur coût variable peu élevé, sont en premier lieu utilisés en base. Ils sont utilisés juste après l’hydraulique au fil de l’eau et les autres énergies renouvelables fatales, ainsi que l’énergie achetée au titre des obligations d’achat auprès des producteurs décentralisés d’électricité. Les variations de la consommation durant une année (été/hiver, jour/nuit) et la fluidité actuellement restreinte des marchés de gros, en raison d’interconnexions limitées aux frontières, conduisent à un fonctionnement du nucléaire également en semi- base. La forte saisonnalité de la consommation en France et sa variabilité importante en hiver imposent une certaine concentration des arrêts programmés du parc nucléaire entre avril et octobre.

Production 2022

La production nucléaire s’établit à 279 TWh en 2022, en baisse de 81,7 TWh par rapport à 2021. Cette baisse est due principalement à une moindre disponibilité du parc nucléaire du fait du phénomène de corrosion sous contrainte (CSC). Suite à la découverte de ce phénomène fin 2021, plusieurs arrêts fortuits ou prolongations d’arrêt pour maintenance ont été nécessaires pour comprendre le phénomène, définir une stratégie de traitement et engager les travaux de réparation.

Performances techniques 2022

Concernant les arrêts de tranche, les pertes de production dues à des prolongations sur les arrêts de tranche non concernés par le dossier CSC ont été plus faibles de 5 TWh en 2022 que l’année précédente.

Parmi les arrêts terminés, les arrêts suivants ont respecté ou amélioré leur durée prévisionnelle : Chinon B4 (VP), Tricastin 2 (ASR), Cruas 1 (ASR), Nogent 1 (VP), Saint-Laurent B1 (ASR), Tricastin 4 (VP), Belleville 2 (VP) et Tricastin 1 (ASR). Les performances de Tricastin 4 (32,8 jours d’avance), Nogent 1 (27,4 jours d’avance) et Chinon B4 (12,7 jours d’avance) sont à souligner.

L’arrêt de Saint-Laurent B1 est la meilleure performance du site depuis 10 ans, et la Visite Partielle de Belleville 2 est la VP la plus courte réalisée sur le site depuis 6 ans. Les performances de ces deux sites illustrent les effets du plan START 2025 en cours de déploiement au sein du parc nucléaire qui est centré sur l’amélioration de la performance des arrêts de tranches et qui permet à des sites durablement en difficulté sur les arrêts de renouer avec de bons résultats.

(1) Les coûts d’exploitation se définissent de la façon suivante : coûts du combustible (y compris charges de l’aval du cycle du combustible), dépenses de fonctionnement (achats et services extérieurs,personnel) et dépenses de maintenance (charges et investissements). Ils ne comprennent ni les investissements liés à la construction, ni les charges de déconstruction.

(2) Les durées normatives constituent des durées de référence optimisées et réalistes par type d’arrêt. Elles intègrent le retour d’expérience des arrêts passés. Les durées programmées des arrêts varient autourde ces durées de référence en fonction du programme de travaux à réaliser.

(3) En conformité avec l’article L. 593-18 du Code de l’environnement.

(4) Durée « normale » excluant les cas particuliers ou extrêmes.