Document d'enregistrement Universel 2022

3. Performance Extra-financière

3.2.3.2.4.2 Réutilisation et recyclage de l’eau

La réutilisation des eaux de process et de refroidissement est mise en œuvre dans le Groupe dès que cela s’avère possible et pertinent.

Conception des nouveaux réacteurs

Afin de réduire l’impact sur le prélèvement d’eau douce, les possibilités d’utiliser les eaux de stations d'épuration des eaux usées et les eaux pluviales comme source d’eau complémentaire sont étudiées dès la conception de nouveaux réacteurs nucléaires. Ou encore, il est par exemple prévu de mutualiser la station de déminéralisation existante entre Penly 1/2 et les 2 futures tranches EPR2 pour la production d’eau industrielle et d’eau déminéralisée en utilisant des eaux usées issues de la station d’épuration, des eaux de pluie collectées via des bassins d’orage et des eaux issues d’un drain en pied de falaise.

Cordemais et Martigues

Les centrales thermiques de Cordemais et Martigues récupèrent les eaux de pluie et recyclent leurs effluents. La centrale thermique de Blénod a également étudié un système de recyclage des eaux de pluie et effluents process devant être mis en œuvre d’ici 2023.

West Burton

À West Burton A, les effluents de la station d’épuration ne sont plus rejetés dans le fleuve mais détournés pour être réutilisés dans le circuit d’eau de refroidissement. Ainsi, chaque année, jusqu’à 100 000 m3 d’eau ne sont plus prélevés dans la rivière Trent.

Fuzhou

En Chine, la centrale ultra-supercritique de Fuzhou réutilise toutes ses eaux de process de manière séquentielle et en fonction de la qualité de l’eau (du refroidissement à l’arrosage des cendres et des jardins).

Dalkia

Dans les grandes installations de combustion de biomasse de Dalkia, les eaux de rejet de process sont utilisées pour refroidir les cendres sous foyer des chaudières, de façon à limiter les volumes d’effluent liquide à traiter.

3.2.3.2.4.3 Dessalement de l’eau de mer

À Flamanville, une unité de dessalement fonctionne depuis 2016 pour la production d’eau déminéralisée. EDF mène par ailleurs plusieurs expérimentations de dessalement pour l’eau de process de ses sites :

  • en Guadeloupe, la centrale de Jarry Sud possède une installation de dessalement d’eau de mer, évitant d’utiliser l’eau de ville et économisant près de 50 000 m3/an d’eau douce ;
  • afin d’optimiser l’utilisation de l’eau dans les zones de fort stress hydrique comme le sud de l’Italie (Candela dans les Pouilles, Altomonte en Calabre et la nouvelle usine de Presenzano dans la région de Campanie), les centrales thermiques d’Edison sont équipées d’un système de refroidissement par air pour la condensation de la vapeur de la centrale ou, le cas échéant, l’utilisation d’eau de mer dessalée en substitution d’eau douce (Simeri Crichi en Calabre).
3.2.3.3 L’eau une ressource partagée et un puissant marqueur du changement climatique

Selon l’Organisation météorologique Mondiale (OMN), la période de 2015 à 2022 correspond aux huit années les plus chaudes jamais enregistrées dans le monde (1).En France, 2022 est l’année la plus chaude jamais enregistrée et l’été (météorologique) le second le plus chaud après 2003, avec une moyenne de +  2,3 °C par rapport à la moyenne de la période 1991-2020, et un record de 33 jours de canicule (en 3 vagues). Localement, il est même l’été le plus chaud (à Chamonix par exemple). L’année 2022 est l’une des années les moins arrosées, avec un déficit pluviométrique de 22 % par rapport à la normale. Certains mois ont même battu des records, comme mai (déficit de - 60 %) et juillet (- 85 %), qui sont les plus secs depuis le début des mesures en 1959. Ces températures associées à ce déficit hydrologique important ont conduit à une sécheresse plus intense et plus étendue que celles de 1976 et 2003, la plus intense jamais enregistrée en France avec des valeurs d’humidité des sols superficiels battant des records de faible humidité. Une telle situation confirme l’importance d’une gestion équilibrée et durable de l’eau.

3.2.3.3.1 Impact des conditions climatiques sur la production d’électricité

La sécheresse précoce de 2022 a pesé sur la production hydroélectrique en France. L’été 2022 a dépassé le record de  1976, avec un coefficient de productible hydraulique estival de 0.59 (1 étant la moyenne 19602022) et une production en baisse sur l’année de 20 % (à confirmer en fin d’année) par rapport à 2 021 (mais pas de minimum historique). De nombreux réservoirs ont été en gestion exceptionnelle tout l’été, jusqu’à 23  simultanément, et encore 10 l’étaient. À l’inverse de la métropole, la Guyane et la Réunion ont connu des régimes excédentaires (jusqu’à passer en crue) et ont atteint des hauts niveaux de production.

Les vagues de chaleur avec 3 épisodes de canicule successifs et des étiages sévères n’ont pas eu d’impact sur la sûreté nucléaire et ont eu un impact limité sur la production du parc nucléaire (500 GWh, soit moins de 0,2 % de la production annuelle de 2022). Du fait de la situation météorologique extrême et des tensions sur le marché de l’énergie, des modifications temporaires aux limites de rejets thermiques ont été accordées aux CNPE de Blayais, Bugey, Golfech, Saint Alban et Tricastin, pour maintenir la sécurité du réseau électrique (sur requis RTE), puis pour préserver les réserves de gaz naturel et d’eau en vue de l’hiver.

Au total, environ 400 GWh ont été préservés grâce aux modifications temporaires des limites des rejets thermiques :

  • 200 GWh au titre de sollicitations en vue de répondre aux besoins de sûreté du gestionnaire de réseau et accordées par l’Autorité de sûreté nucléaire et le ministère de la Transition énergétique (prononcées pour 4 centrales nucléaires : Bugey, Golfech, Saint Alban et Tricastin) ;
  • 200  GWh grâce aux modalités spécifiques inscrites dans des dispositions d’exploitation «  en conditions climatiques exceptionnelles  » des centrales nucléaires.

Les premiers retours du suivi environnemental renforcé mis en œuvre par l’exploitant dans le cadre des modifications temporaires ne mettent pas en évidence d’évolution notable des paramètres physico-chimiques et microbiologiques et aucune mortalité piscicole singulière n’a été observée.

Des études de bilan des consommations d’eau sont en cours pour l’ensemble des sites thermiques et permettront d’affiner les procédures à suivre en cas d’alerte sécheresse en 2023. (2)

3.2.3.3.2 Grâce à une bonne gestion, EDF a tenu ses engagements vis-à-vis de ses parties prenantes

EDF n’est pas propriétaire de l’eau retenue dans ses barrages, il l’exploite dans le cadre d’une mission de service public pour produire de l’énergie en fonction de la ressource disponible et en intégrant au mieux les autres usages.

L’eau de ces retenues ne sert pas uniquement à la production d’hydroélectricité, mais selon les ouvrages, peut être notamment utilisée pour l’alimentation en eau potable, l’irrigation, la navigation, le tourisme, les loisirs, la préservation de la biodiversité. Cette mise à disposition de l’eau pour d’autres usages peut avoir un impact sur la production hydroélectrique, énergie renouvelable et décarbonée contribuant à l’atténuation du changement climatique.

Un équilibre est donc à rechercher dans une concertation étroite et continue avec les parties prenantes locales, dont les services de l’État, ultime recours en cas d’arbitrage sur la priorisation des usages de l’eau.

3.2.3.3.2.1 La gestion de l’eau

EDF veille en permanence à mener la gestion de ses aménagements hydrauliques en concertation avec les parties prenantes (État, collectivités locales, agences de l’eau, associations, etc.). Ainsi, EDF participe aux instances de gouvernance et de gestion nationale et locale de l’eau (comité national de l’eau, comités de bassins, commissions locales de l’eau, etc.).

Agences de l’eau

En France, EDF est représentée par l’UFE (3) dans les instances de gouvernance des Agences de l’Eau de chaque bassin.