L’eau est une ressource indispensable à la production de la plupart des énergies, soit pour le refroidissement des centrales nucléaires et thermiques, soit comme force motrice pour les centrales hydroélectriques. Il s’agit d’un enjeu identifié dans la matrice de matérialité du Groupe. Aux termes du Code de l’environnement, l’eau est un « patrimoine commun de la nation ». La gestion de l’eau passe donc par l’élaboration de règles collectives reposant sur la solidarité entre amont et aval. C’est pourquoi le Groupe s’est engagé, dans sa politique RSE, à protéger et gérer l’eau de manière intégrée et soutenable, tant au plan quantitatif que qualitatif (1) et à concerter avec les territoires dans lesquels il opère, en intégrant pleinement la dimension locale de l’eau, notamment les multi-usages de l’eau sous contraintes climatiques croissantes (2). L’hydroélectricité porte intrinsèquement une dimension de partage de l’eau pour de multiples usages et, les barrages exploités par EDF permettent le stockage de milliards de mètres cubes d’eau. Ils jouent un rôle essentiel, dans certains bassins, en période de sécheresse et de canicule.
EDF a développé depuis 1946 une expertise pointue en matière de surveillance et de prévision météorologique et hydrologique. Un département est dédié à la mesure, la modélisation et la prévision hydro météorologique pour le parc EDF, s’appuyant sur plus de 1 000 stations de mesures et 75 années de données.
Même si la préoccupation actuelle est concentrée sur la ressource en eau douce, il n’y a qu’un seul cycle de l’eau allant de la source à la mer. À raison de ses enjeux stratégiques, géopolitiques et économiques, le sujet de l’Océan, à la suite des sujets Climat et Biodiversité, est devenu le troisième sujet environnemental et international majeur. Le groupe EDF entretient d’ailleurs un lien historique avec le monde de la mer : construction de la centrale marémotrice de la Rance dans les années 60, ouvrages de production thermique et nucléaire en bord de mer, ou plus récemment développement de l’éolien offshore ou décarbonation des ports. Le COMEX a nommé un « référent Mer » pour le groupe EDF en vue de définir une stratégie et de coordonner les différentes entités du Groupe sur ce sujet.
Le Groupe s’est engagé à préserver et protéger l’eau tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif. Il s’agit notamment de poursuivre l’amélioration des performances en termes de prélèvements et de consommation d’eau des centrales existantes, et de rechercher la meilleure efficacité possible en matière d’utilisation de l’eau à l’échelle des territoires et des bassins hydrographiques.
L’évolution du stress hydrique fait partie des critères utilisés pour l’évaluation du volet eau de tout nouveau projet présenté en comité d’investissement (CECEG).
L’exposition au stress hydrique des installations de production du Groupe a été évaluée (en 2018 avec une mise à jour en 2022) avec 4 différents outils internationaux de référence (Blue Water Scarcity de WFN (3), Aqueduct (4) de WRI, AWARE du projet WULCA (5) et WEI+ (6) de l’EEA (7)) au pas de temps annuel et mensuel. Ils n’indiquent pas de prélèvement d’eau douce dans des zones stressées en France, à l’exception d’Aqueduct.
Selon Aqueduct et en moyenne annuelle, trois centrales nucléaires (CNPE), dont une utilisant de l’eau de mer, sont implantées dans des zones de stress hydrique élevé (40 %<bws<80 %) et sept CNPE font face à un risque moyennement élevé (20 %<bws<40 %). Un site thermique à flamme (CCGT) est situé dans une zone de stress hydrique extrêmement élevé (BWS>80 %) et deux sites sont situés dans une zone de stress hydrique élevé (40 %<bws<80 %). Ces trois dernières centrales sont utilisées de manière ponctuelle pour répondre aux demandes de pointe du réseau, notamment l’hiver, et donc pas nécessairement dans les périodes de stress hydrique. Les résultats fournis par Aqueduct donnent une première évaluation, à tempérer en raison de la précision de l’outil, aussi bien en temps (le pas est mensuel, au mieux) qu’en termes spatial (unité 10 x10 km).
Pour une plus grande précision, EDF s’appuie sur son centre hydrométéorologique, qui enregistre les données locales en temps réel, pour toutes ses centrales. L’examen de celles-ci ne confirme pas les indications fournies par Aqueduct. L’évolution du stress hydrique à horizon 2040 a également été étudiée à partir des trois scénarios proposés par Aqueduct. Il n’y a pas de tendance vers une hausse généralisée du stress hydrique sur l’ensemble du parc nucléaire et thermique, ni d’alerte spécifique un site donné (passage d’un niveau de stress élevé à extrêmement élevé par exemple).
En 2022, un test mené sur douze centrales hydroélectriques a confirmé que l’outil Aqueduct n’est pas pertinent s’agissant des réservoirs des barrages. En effet, l’outil ne prend pas en compte la possibilité de stocker l’eau pendant les périodes de fortes précipitations, ni celle de déstocker l’eau en période sèche ou de stress hydrique. EDF s’appuie donc là aussi sur son centre hydrométéorologique, avec ses propres outils d’évaluation, et de prévision à la maille locale ; Les réévaluations régulières du productible des sites sont réalisées sur la base de l’évolution de l’hydrologie et des températures liées au changement climatique. Des études prospectives, à horizons 2030 et 2050, et prenant en compte l’évolution sociétale locale (usages de l’eau par exemple), ont été conduites sur plusieurs bassins avec l’appui de la R&D et le concours d’acteurs externes. C’est notamment le cas des bassins de la Garonne et de la Durance.
À l’échelle du Groupe, environ 39 milliards de mètres cubes d’eau sont prélevés pour le refroidissement des moyens de production thermique, dont 99 % sont restitués dans le milieu naturel et réutilisables presque instantanément, ce qui fait d’EDF un important préleveur mais un faible consommateur d’eau. L’eau municipale n’est pas utilisée pour les systèmes de refroidissement, mais seulement pour certaines eaux de process et pour une part inférieure à 0,1 %. L’essentiel du prélèvement d’eau de ses installations se fait en France (79 %) et au Royaume-Uni (19 %) dans des zones où le stress hydrique est limité (faible à moyen, voir la section ci-dessus). Les prélèvements d’eau du Groupe sont en baisse de 8 % par rapport à 2021, principalement du fait de la baisse significative de la production nucléaire.
Un nombre significatif d’installations nucléaires et thermiques est implanté en bord de mer et n’utilise donc pas d’eau douce pour le refroidissement, mais de l’eau de mer (sans contrainte sur le volet quantitatif). 69 % de l’eau prélevée à des fins de refroidissement pour le Groupe est issue du milieu marin ou estuarien. Cette part s’élève à près de 61 % en France, à plus de 99 % au Royaume-Uni et à près de 93 % en Italie. Concernant les 31 % restants (eau douce), la quantité prélevée dans les nappes phréatiques est marginale, environ 2 hm3 soit 0,01 % de l’eau douce prélevée en surface.
(1) Voir la section 3.2.3.2 ci-dessous.
(2) Voir la section 3.2.3.3 ci-dessous.
(3) WFN : Water Footprint Network.
(4) Aqueduct, développé par le World Resources Institute, est un outil cartographique permettant d’appréhender le risque associé à la ressource en eau à l’échelle mondiale. Les chercheurs du projet Aqueduct ont calculé 12 indicateurs parmi lesquels l’accès à l’eau, le stress hydrique, la sécheresse, la pression sur les nappes phréatiques.
(5) WULCA : projet de Life Cycle Initiative sur l’évaluation de l’utilisation et de l’épuisement des ressources en eau dans le cadre de l’analyse du cycle de vie (ACV).
(6) WEI+ : Water Exploitation Index.
(7) EEA : European Environment Agency.