Document d'enregistrement Universel 2022

3. Performance Extra-financière

3.1.2.5 Le programme ADAPT et le plan d’action CEMA (1)

Piloté par la DPNT, le programme ADAPT vise à sécuriser la production des sites thermiques et nucléaires français en anticipant les conséquences du dérèglement climatique.

Un plan d’action en 3 axes

La démarche est articulée autour de 3 axes :

  • comprendre le dérèglement climatique et ses effets à l’échelle des territoires en intégrant son caractère systémique pour imaginer les futurs climatiques des territoires ;
  • évaluer les impacts du dérèglement climatique sur les installations mais aussi sur l’écosystème territorial des centrales ;
  • agir pour mobiliser les acteurs internes et externes en raison des dimensions évolutives et systémiques du dérèglement climatique et de ses conséquences et agir pour s’adapter et contribuer à l’habitabilité des territoires.
Approche systémique

ADAPT développe une approche systémique de l’adaptation au dérèglement climatique :

  • prise en compte des parties prenantes et association à la définition des critères de résilience et des mesures d’adaptation ;
  • intégration des interlocuteurs contractuels et non contractuels.
Habitabilité des territoires

Le programme se structure autour de l’habitabilité des territoires. À ce titre, il couvre la biodiversité, la séquestration carbone, l’adaptation des milieux. Il s’attache à répondre aux effets induits sur l’acceptabilité sociale et sociétale de ses activités. D’ores et déjà, ADAPT identifie des engagements et investissements dits « immédiatement intéressants ». Ils doivent permettre de répondre aux risques déjà constatés, s’assurer que les décisions qui vont être prises par la suite intégreront bien l’adaptation, et entamer la préparation des transformations plus profondes qui seraient éventuellement nécessaires.

Intégrer les travaux d’ADAPT dans tous les processus

La démarche vise à intégrer le dérèglement climatique dans tous les processus, en particulier les visites décennales à venir, en impliquant les unités concernées. Il s’agit d’intégrer les travaux d’ADAPT dans les processus de l’ingénierie en cohérence avec les engagements du groupe (sobriété, locaux tertiaires innovants, etc.).

Inscription dans la durée

ADAPT veille à ce que les mesures d’atténuation et d’adaptation s’inscrivent dans la durée et ne constituent pas des « maladaptations (2) ». L’analyse est effectuée au- delà des seuls travaux d’ingénierie pour tenir compte du caractère systémique et évolutif des conséquences du dérèglement climatique.

Chooz 2050

Le programme ADAPT a lancé Chooz 2050 sur la base d’une étude détaillée d’un site notamment choisi pour sa durée de vie (2050) et les questions liées à l’eau. Cette étude permet une analyse grandeur nature de l’ensemble des dimensions du projet  : des installations industrielles aux écosystèmes contractuels et non contractuels. ADAPT travaille sur les questions liées à l’habitabilité de la planète, la problématique de l’eau, de la température, de l’énergie, de l’agriculture, des transports, de l’industrie, dans une dimension écosystémique complexe. Chooz 2050 va produire une « monographie climatique » qui pourra être utilisée comme outil d’aide à la décision pour préparer les stratégies d’adaptation du territoire.

Indicateur

À fin 2022, la monographie de la région Grand Est a été réalisée, portant le taux de monographies territoriales à 8  % par rapport à un objectif cible de 100  % en 2025(3).

3.1.2.6 Passage de l’été et passage de l’hiver (4)
3.1.2.6.1 Passage de l’été

Les enseignements des étés exceptionnels 2003 et de 2022 :

  • En 2003, certaines centrales avaient dû réduire leur production afin d’éviter de contribuer au réchauffement de l’eau des rivières, entraînant une perte de production de 5,5 TWh, soit environ 1 % de la production d’EDF cette année- là. L’objectif des actions d’adaptation initiées par EDF est d’accroître la marge de sécurité et de maintenir le niveau de production durant de telles périodes.
  • La nécessité est apparue de mieux adapter la réglementation aux évolutions climatiques, notamment les seuils de température d’eau de rejets ; soit sur la valeur (la température moyenne des cours d’eau a augmenté d’environ + 2°C en France depuis 1970) soit sur la période d’application. En effet, on observe un allongement de l’étiage, à la fois plus précoce et plus tardif, sur la plupart des cours d’eau.

Les mesures prises :

  • Le plan «  Grand Chaud  », lancé dès 2008, a conduit EDF à procéder à l’amélioration de l’efficacité du refroidissement (source froide) de certaines de ses centrales et à renforcer l’électronique des bâtiments réacteurs afin de pouvoir supporter des températures supérieures à 50 °C.
  • Les centrales en cours de construction (Flamanville  3, Hinkley Point C) du groupe EDF ont été dimensionnées en intégrant les scénarios climatiques les plus récents, conduisant notamment à revoir les hypothèses initiales de hausse du niveau des mers.
  • Pour la première fois en 2022, des demandes de modifications temporaires des limites de rejets thermiques dans l’eau ont été demandées et accordées par l’ASN et le ministère de la Transition écologique (MTE) pour les CNPE de Blayais, Bugey, Golfech, Saint Alban et Tricastin. Les premiers retours du suivi environnemental renforcé mis en œuvre par l’exploitant dans le cadre des modifications temporaires ne mettent pas en évidence d’évolution notable des paramètres physico-chimiques et microbiologiques et aucune mortalité piscicole singulière n’a été observée.
3.1.2.6.2 Passage de l’hiver

La situation météorologique extrême de 2022 et les tensions sur le marché de l’énergie, ont conduit à mener différentes actions afin de préserver les réserves d’eau (et de gaz naturel) en vue du passage de l’hiver, dont notamment des dérogations réglementaires pour certains CNPE, une gestion prudente des réservoirs, des opérations de maintenance décalées, ou des recours ciblés à la concertation locale pour le débridage de certaines centrales hydroélectriques et éoliennes(5).

3.1.2.7 Adaptation des ouvrages hydrauliques

Afin de renforcer la résilience aux aléas climatiques extrêmes et aux risques liés à l’afflux massif d’eau dans les réservoirs, le groupe EDF met en place les actions suivantes :

Réévaluation des débits de crues extrêmes

Une réévaluation régulière des débits de crues extrêmes est effectuée afin de s’assurer du maintien de la capacité des ouvrages à évacuer ces crues. Cette réévaluation faite par EDF-DTG(6) a lieu tous les 10 ans pour les barrages de classe A, tous les 15 ans pour les barrages de classe B. Ces études sont des données d’entrées des Études de Dangers Barrage demandées par la réglementation relative à la sécurité des ouvrages hydrauliques et qui sont transmises aux DREAL. En 2022, 8 réévaluations des débits de crues extrêmes ont été réalisées.

Technologie « Piano Key Weir »

Développement et installation sur 9  de ses ouvrages hydrauliques d’une technologie innovante dite « Piano Key Weir » (PKWeir) qui permet de déverser une quantité d’eau bien plus importante, sans pour autant augmenter les dimensions du barrage.

(1) CEMA : Comprendre évaluer mobiliser agir.

(2) Une maladaptation se produit quand des stratégies d’adaptation au changement climatique produisent des effets néfastes et indésirés pour certaines populations et/ou leur environnement – en particulier quand elles rendent des populations plus vulnérables au changement climatique suite à leur mise en place.

(3) Pour le calcul de cet indicateur, voir la section 3.6.3.5 « Précisions sur les autres données environnementales ».

(4) S’agissant des phénomènes extrêmes, voir notamment la section 3.1.3.2.3.1 « La scénarisation des risques physiques ».

(5) Voir aussi la section 3.2.3.3.1 « Impact des conditions climatiques sur la production d’électricité ».

(6) La Division Technique Générale d’EDF Hydro.