Document d'enregistrement Universel 2022

2. Facteurs De Risques Et Cadres De Maîtrise

Dans ce contexte a priori favorable et porteur, il existe plusieurs risques de transition importants :

  • le contexte externe, sociétal, concurrentiel, social, économique, ou industriel, pourrait constituer un frein à cette opportunité. En particulier, l’énergie nucléaire pourrait ne pas être reconnue au niveau sociétal comme déterminante pour permettre la transition bas carbone. Ainsi, à titre d’exemple :
    • les normes ou taxonomies en cours de mise en place visant à reconnaître les énergies décarbonées pourraient comporter des critères pénalisant l’énergie nucléaire, ce qui serait un risque important pour EDF et plus généralement pour l’atteinte des objectifs nationaux et européens de réduction des émissions. À ce titre, il existe encore un risque de reconnaissance insuffisante de l’électricité décarbonée d’origine nucléaire du fait de son classement en énergie de transition par la taxonomie européenne, avec des conséquences potentielles sur l’accès au financement des nouveaux projets. Ce sujet sur la taxonomie européenne est développé dans le risque 1A ci-dessus « Évolutions des politiques publiques et du cadre réglementaire en France et en Europe, en particulier ARENH »,
    • en France dans le cadre de la préparation de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie 2019-2028, le gouvernement a demandé d’examiner plusieurs scénarios entre 2030 et 2050, « allant d’un scénario 100 % renouvelable à un scénario où le nucléaire reste durablement une source de production d’électricité intégrée dans le mix pour des raisons de pilotage de la production et de compétitivité » ;
  • l’atteinte des objectifs de réduction des émissions et plus généralement la réussite de la stratégie bas carbone du Groupe sont principalement conditionnées par la réussite de la fermeture ou de la décarbonation de centrales au combustible fossile et par le développement accéléré de moyens de production renouvelables en complément de la production nucléaire et hydraulique ;
  • en outre, les nouvelles solutions énergétiques bas carbone peuvent induire de nouvelles interrogations sociétales (nouvelles technologies intrusives, emprises foncières, nouveaux conflits d’usage dans l’utilisation de l’eau, ou dans l’utilisation de ressources rares, etc.) ;
  • la publication en mai 2021 du scénario net zéro de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) définit 2040 comme nouvelle cible pour décarboner le secteur électrique à 100 % (voire 2035 pour les pays développés). Cette cible a été reprise par de nombreux acteurs, dont Eurelectric, des coalitions d’investisseurs (par ex. IIGCC) ou encore SBTI dans son nouveau standard Net Zéro paru en octobre 2021. Cela conduit EDF à devoir réinterroger sa trajectoire carbone et ses engagements pris en 2020. Cette nouvelle situation est porteuse de risques pour le Groupe  : risque de remise en cause de certains projets de développement, risques d’être amenés à prendre des engagements plus difficiles à tenir, risque sur la profitabilité de l’entreprise (par renoncement à des activités profitables) ;
  • la nouvelle directive européenne sur le reporting des données extra-financières (directive CSRD, adoptée en novembre  2022) fixe à toutes les entreprises européennes l’objectif d’être alignées avec l’objectif 1,5 °C et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le fait que le groupe EDF ne soit pas encore labélisée 1,5  °C par l’organisme SBTi est susceptible de provoquer de l’incompréhension de la part de nos parties-prenantes ;
  • des évolutions législatives ou réglementaires nouvelles induites par le changement climatique pourraient également avoir un impact négatif sur l’activité d’EDF et être source de nouveaux risques juridiques ou de non- conformité ;
  • le Groupe pourrait également être amené à faire face à l’émergence de nouvelles technologies ou solutions disruptives s’inscrivant dans les objectifs de la transition.

De telles situations pourraient être de nature à rendre plus difficiles la réalisation de ces transformations et l’atteinte des objectifs visés. Elles pourraient affecter directement ou indirectement les volumes d’affaires, les marges du Groupe, la valeur de ses actifs, sa situation financière, sa réputation ou ses perspectives.

d) Actions de maîtrise face aux risques de transition
  • Trajectoire carbone. Le Groupe avait pris en 2018 l’engagement de réduire fortement ses émissions directes de gaz carbonique avec un objectif de 30  millions de tonnes en  2030 au lieu de 51  millions de tonnes en  2017 (réduction de 40 %). En 2020, en intégrant la coalition Business Ambition for 1.5 degrees, le groupe EDF a encore conforté cette ambition. Il a pris de nouveaux engagements, pour contribuer à atteindre la neutralité carbone en 2050, tant en émissions directes qu’indirectes (scopes 1, 2 et 3), avec des jalons prévus en 2023 et 2030. Cette trajectoire a été labellisée en 2020 par l’organisme SBTi comme allant au-delà des 2 °C de l’Accord de Paris. Ainsi, pour la première fois le groupe EDF s’est fixé des objectifs de réduction sur ses émissions indirectes couvrant notamment les émissions associées à la vente de gaz aux clients finaux (Voir section 3.1.1 « Trajectoire carbone du Groupe »). Le groupe EDF a engagé des discussions avec l’organisme SBTi en 2022 afin d’obtenir la labélisation 1,5 °C de sa trajectoire.
  • Déploiement des solutions bas carbone. Le Groupe s’est mobilisé dans le développement des énergies renouvelables en France, dans le stockage électrique et dans la mobilité électrique bas carbone. Cela permettra de valoriser et de promouvoir les solutions énergétiques bas carbone du Groupe notamment pour le secteur du transport aujourd’hui encore très fortement émetteur de gaz carbonique en France et en Europe.
  • Comme étape ultime d’une démarche de contribution à l’atteinte de la neutralité, le Groupe privilégie les projets dits « à émission négative  » pour compenser ses émissions résiduelles à l’horizon  2050 (voir section  3.1.1.6 « Solutions de compensation carbone »).
  • Les actions de maîtrise du risque 1A portant sur les évolutions des politiques publiques et du cadre réglementaire consistent en  : veille sur le contexte politique, législatif, réglementaire ; analyse des conséquences potentielles des textes en préparation ; dialogue et argumentation auprès des Pouvoirs Publics.
e) Actions de maîtrise globales – synthèses et cartographie des risques climatiques
  • En 2019, une synthèse sur le changement climatique et ses impacts sur EDF, intégrant la capitalisation de l’ensemble des connaissances acquises par le groupe EDF et ses partenaires scientifiques, a été présentée au Conseil scientifique d’EDF.
  • Le Groupe dispose depuis les années 1990 d’une expertise importante en matière climatique, tant dans sa Direction R&D que dans ses centres d’ingénierie, qui est maintenue dans la durée. Les ressources précises affectées à cette expertise sont précisées en section  3.1.2.4 «  un service climatique interne de haut niveau ».
  • Une cartographie des risques climatiques à l’échelle du Groupe, portant sur l’ensemble des risques physiques et de transition, a également été établie en 2019 suivant les recommandations de la TCFD et a été présentée au Comité d’audit. Les risques climatiques sont désormais identifiés, évalués et actualisés annuellement selon la méthode générale de cartographie des risques du Groupe (résumés dans le présent facteur de risques, et un peu plus détaillés en section  3.1.3.2.2 «  L’identification des risques et des opportunités liés au changement climatique »).
  • Cette cartographie des risques climatiques, s’appuyant notamment sur les plans d’adaptation des entités opérationnelles et sur le rapport au Conseil scientifique, a débouché depuis 2020 sur un plan d’actions « climat », inclus dans le programme stratégique Cap 2030 couvrant les actions relatives à la réduction des émissions et à la résilience. Ce plan d’actions mobilise le Groupe tant au niveau Corporate qu’au niveau des entités pour orienter et coordonner les différentes actions de maîtrise.
  • Un audit sur l’adaptation des moyens du groupe EDF au changement climatique a été mené entre octobre 2021 et février 2022.
  • De nombreuses actions sont menées en interne, en vue de sensibiliser l’ensemble des salariés sur les enjeux climatiques, et de les mobiliser concrètement. À titre d’exemples (ces exemples sont développés à la section 3.1.3.5.2 « innovation et intelligence collective centrées sur la lutte contre le changement climatique ») :
    • la Fresque du Climat a été développée par le Groupe depuis 2020 auprès de ses équipes. Le Groupe a sensibilisé 60 000 salariés, fin 2022, grâce à cet outil (voir la section 3.1.3.5.2.2 « Fresque du climat »),
    • le programme « Combattre le CO2 » propose à tous les salariés en France de devenir des ambassadeurs de la transition énergétique en s’engageant à titre privé,
    • le Passeport neutralité carbone permet de réaliser son bilan carbone et de s’engager pour entamer le passage à l’action : l’obtention de ce passeport était l’un des critères de l’accord d’intéressement signé pour 2020. Plus de 36 000 passeports ont été obtenus en  2022 (voir la section 3.1.3.5.2.1 « Passeport neutralité carbone »).