La stratégie d’EDF actuellement retenue, en accord avec l’État, en matière de cycle du combustible est de pratiquer le traitement des combustibles usés, le recyclage du plutonium ainsi séparé sous forme de combustible MOX (Mélange d’OXydes de plutonium et d’uranium) et le recyclage de l’uranium de retraitement.
Les quantités traitées par Orano Recyclage à la demande d’EDF, soit environ 1 100 tonnes par an, sont déterminées en fonction de la quantité de plutonium recyclable dans les réacteurs autorisés à charger du combustible MOX.
En conséquence, la provision pour gestion du combustible usé comprend les prestations à réaliser par Orano Recyclage correspondant aux éléments suivants :
Les charges de traitement prises en compte dans la provision pour gestion du combustible usé concernent exclusivement le combustible usé recyclable dans les installations existantes, y compris la part de combustible chargé en réacteur et non encore irradié.
Les charges sont évaluées à partir des flux physiques prévisionnels à la date d'arrêté des comptes, et sur la base des contrats avec Orano Recyclage qui déclinent l'accord-cadre pour la période 2008-2040, et dont le dernier, signé le 5 février 2016, fixe les conditions d’application pour la période 2016-2023. Ces contrats contiennent des indices de révision de prix qui sont mis à jour chaque année.
Des négociations sont actuellement en cours avec Orano Recyclage, notamment au titre de l’avenant 2016-2023 en vigueur. Au 31 décembre 2021, EDF a traduit dans les provisions pour gestion du combustible usé sa meilleure estimation des charges à encourir au titre de ce contrat, en tenant compte des discussions avec Orano et leur avancée. Une dotation aux provisions de 267 millions d’euros a été comptabilisée et couvre l’augmentation du coût de traitement pour EDF en lien avec différents projets d’Orano, notamment au titre d’évolutions concernant les nouveaux concentrateurs de produit de fission.
En 2018, le Conseil d’administration a approuvé la relance de la filière de recyclage de l’uranium de retraitement (suspendue en 2013 dans l’attente de la disponibilité d'un nouveau schéma industriel), avec des premiers chargements d'assemblages prévus à l’horizon 2023, sous réserve de la réalisation des modifications techniques et de l’obtention des autorisations de l’autorité de sûreté nécessaires, l'objectif étant de procéder au recyclage dans certaines tranches 900 MWe puis dans certaines tranches 1 300 MWe. Les contrats correspondants ont été signés avec les fournisseurs respectifs au 2e trimestre 2018. L’exploitation sur 50 ans du palier 1 300 MWe – traduite dans les comptes au 30 juin 2021 avec la durée d'amortissement des tranches 1 300 MWe allongée de 40 ans à 50 ans – qui accompagnera des modifications industrielles permettant de charger du combustible à base d’uranium de retraitement Enrichi dans les réacteurs 1 300 MWe, et l’atteinte des jalons industriels significatifs de la reprise de la filière, notamment la mise en service de l’usine de vitrification des résidus de TENEX sur le second semestre 2021, permettent de confirmer que l’ensemble des conditions industrielles, réglementaires et économiques de reprise de la filière sont dorénavant remplies. En conséquence, sur le plan comptable, une reprise partielle de la provision entreposage de l’uranium de retraitement a été effectuée, pour un montant de 476 millions d’euros, le montant de cette reprise étant assis sur un fonctionnement des tranches concernées sur 50 ans.
D’autre part, l’entreposage des combustibles usés est un enjeu clé pour l’aval du cycle. Les prévisions de remplissage des entreposages de combustible usé issu du parc de production d’EDF sur le site d’Orano à La Hague amènent à envisager une saturation des piscines de La Hague à l’horizon 2030. Dans cette perspective, la construction d’une piscine d’entreposage centralisé sous maîtrise d’ouvrage et qui sera exploitée par EDF (voir plus bas) et dont la mise en service est prévue pour 2034, permettra d’augmenter le volume d’entreposage long terme des combustibles usés et ainsi d’éviter la saturation, conjointement avec les mesures ci-dessous.
Dans l’attente de la piscine d’entreposage centralisée, des études sur des solutions transitoires ont été lancées par Orano et EDF en 2019, en lien avec l’ASN. La Solution privilégiée consiste à densifier les piscines existantes du site ORANO de La Hague (coût provisionné à ce titre à hauteur de 168 millions d’euros au 31 décembre 2020). Une solution complémentaire consisterait à déployer un dispositif d’entreposage à sec pour les combustibles au plutonium (MOX) et à l'uranium issu du traitement (URE).
Les problématiques de production de l’usine Melox d’Orano impactent défavorablement les rythmes de traitement à court et moyen terme. Ce moindre recyclage a pour effet d’augmenter les quantités à entreposer à moyen terme. En conséquence, les provisions ont été augmentées en 2021 pour un montant de 362 millions d’euros en prenant en compte ces deux solutions industrielles, intégrant une perspective de capacités d’entreposage de l’ordre de 3 100 tonnes par rapport à la situation sans densification ni entreposage à sec.
Par ailleurs, la provision couvre l’entreposage de longue durée du combustible usé actuellement non recyclable dans des installations industrielles construites ou en construction, à savoir le combustible au plutonium (MOX) ou à l’uranium issu du traitement, le combustible de Creys-Malville et celui de Brennilis dans l’attente des réacteurs de quatrième génération. Cette provision non liée au cycle d'exploitation au sens de la loi de 2006, donne lieu à constitution d’actifs dédiés (voir note 15.1.2). Le scénario sous-tendant l’évaluation de la provision est la construction d’un entreposage centralisé sous eau sur le site de La Hague, dont EDF sera le maître d’ouvrage et l’exploitant nucléaire. Ce projet, qui a été présenté lors du débat public sur le Plan National de Gestion des Matières et des Déchets Radioactifs (PNGMDR) en 2019-2020, fait l’objet d’une concertation publique spécifique sous l’égide de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) qui a débuté le 22 novembre 2021. Elle a été suspendue le 3 février 2022 pour se donner le temps de renforcer les modalités de concertation pour mieux couvrir le territoire de la Manche et les thématiques soulevées, et se poursuivra du 20 juin 2022 au 8 juillet 2022.
Ces provisions concernent les dépenses futures relatives :
Les volumes de déchets donnant lieu à provision incluent, d’une part, les colis de déchets existants et, d’autre part, l’ensemble des déchets à conditionner tels qu’obtenus notamment après déconstruction des centrales ou après traitement à La Hague du combustible usé (comprenant la totalité du combustible chargé en réacteur au 31 décembre, irradié ou non). Ces volumes sont revus périodiquement en cohérence avec les données déclarées dans le cadre de l’inventaire national des déchets de l’ANDRA.
La provision pour gestion à long terme des déchets radioactifs se décompose comme suit :
(en millions d’euros) | Centres de stockage concernés | 31/12/2021 | 31/12/2020 |
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(en millions d’euros) Déchets TFA et FMA |
Centres de stockage concernés TFA : CIRES – Morvilliers (ANDRA) |
31/12/2021 3 093 |
31/12/2020 2 856 |
(en millions d’euros)
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Centres de stockage concernés FMA : CSA – Soulaines (ANDRA) |
31/12/2021
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31/12/2020
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(en millions d’euros) Déchets FAVL |
Centres de stockage concernés Projet en cours d’étude à Soulaines (ANDRA) |
31/12/2021 394 |
31/12/2020 365 |
(en millions d’euros) Déchets HA-MAVL |
Centres de stockage concernés Centre de stockage géologique (projet Cigéo) |
31/12/2021 10 746 |
31/12/2020 10 079 |
(en millions d’euros)PROVISION GESTION À LONG TERME DES DÉCHETS RADIOACTIFS | Centres de stockage concernés
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31/12/202114 233 | 31/12/202013 300 |