Document d'Enregistrement Universel 2021

1. Le groupe, sa stratégie et ses activités

Autres problématiques techniques (hors circuit secondaire principal)
Circuit primaire principal

L’ASN a demandé à EDF le 2 juin 2020 de procéder à des recontrôles par sondage sur les soudures du Circuit primaire principal (CPP) du périmètre « exclusion de rupture ». EDF a établi un échantillon représentatif de soudures pour lesquelles un contrôle complémentaire par radiographie a été réalisé, entre février 2021 et le second semestre 2021, et qui a donné des résultats satisfaisants. L’ASN a demandé que ce programme de contrôles complémentaires radiographiques soit complété par des contrôles par ultrasons. Ces recontrôles ont été réalisés sur l’échantillon et sont satisfaisants.

Par ailleurs, EDF a déclaré, le 2 mars 2021, un événement significatif auprès de l'ASN au titre de la prise en compte incomplète du référentiel d’études de 2006 pour l’implantation de trois piquages (1) sur le Circuit primaire principal.

Trois scénarios ont été instruits par EDF et Framatome au premier semestre 2021 à la demande de l’ASN. Le 21 juin 2021, EDF a adressé un dossier à l’ASN indiquant qu'il retient la solution de pose d’un « collier de maintien » (CDM) sur chacun des piquages concernés. L’ASN a indiqué par courrier le 8 octobre 2021 qu’elle n'avait pas d’opposition de principe à cette solution ; le dossier de conception des CDM serait néanmoins instruit par l’IRSN.

L’ASN rappelle également la nécessité de démontrer la qualité des soudures au regard des exigences qui sont applicables aux équipements sous pression nucléaire (ESPN). Les contrôles radiographiques réalisés entre août et octobre à ce titre confirment le bon niveau de qualité de réalisation de ces soudures. Ils doivent être complétés par des contrôles par ultrasons dont le procédé et le planning de mise en œuvre sont en cours de définition.

Filtration puisards RIS/EVU (2)

L’EPR de Flamanville est équipé d’un dispositif de recirculation de l’eau du Circuit Primaire Principal en cas de brèche de la tuyauterie. Ce dispositif permet, en cas d'accident, de récupérer l’eau en fond de bâtiment réacteur et de la faire recirculer dans la cuve de manière à refroidir les assemblages de combustibles.

Un problème a été détecté lors d’un essai « en boucle intégrale » à l’été 2021 : les débris contenus dans l’eau recirculée n’ont pas été filtrés de manière efficace par les filtres situés dans le fond du bâtiment réacteur.

À date, EDF a identifié des solutions pour améliorer l’efficacité des filtres et résoudre cette difficulté. Le périmètre de ces solutions a été proposé par EDF à l'ASN dans un dossier présenté fin décembre 2021. Son instruction est en cours.

Soupapes du pressuriseur

Suite aux constats de corrosion faits sur l’EPR d’Olkiluoto (Finlande) sur les soupapes du pressuriseur (soupapes PSRV), EDF et Framatome ont réalisé des contrôles sur ces matériels et constaté également la présence de traces de corrosion sur les soupapes de l’EPR de Flamanville. EDF et Framatome ont décidé de prendre en compte ce retour d’expérience en modifiant le matériau de certains composants des pilotes des soupapes. Plusieurs tests de résistance à la corrosion ont été réalisés pour sélectionner le meilleur matériau. Ces composants sont en cours de fabrication et seront installés sur le site au premier semestre 2022. Au-delà de cette difficulté, l’ASN poursuit l’instruction du fonctionnement et de la fiabilité des soupapes du pressuriseur.

Retour d’expérience Taishan

EDF a analysé l’impact potentiel sur le démarrage de l’EPR de Flamanville du retour d'expérience de l’aléa technique rencontré sur le réacteur n° 1 de la centrale de Taishan (voir la section 1.4.5.3.6.1 « Activités en Chine ») (3). Les inspections réalisées sur les assemblages combustible concernés ont montré un phénomène d'usure mécanique de certains composants d’assemblages, un tel phénomène ayant déjà été rencontré sur plusieurs réacteurs du parc nucléaire français. Dans la perspective du démarrage de Flamanville 3, une solution sera instruite avec l'ASN en vue de réaliser les éventuelles modifications nécessaires.

Calendrier de mise en service et coût de construction

Dans son communiqué de presse du 9 octobre 2019 (4), EDF avait indiqué que le calendrier prévisionnel de mise en œuvre du scénario privilégié de reprise des soudures de traversée conduisait, sous réserve de la date de validation de l’ASN de ce scénario, à prévoir une date de chargement du combustible à fin 2022 et à estimer le coût de construction à 12,4 milliards d’euros (5) hors intérêts intercalaires.

Dans son communiqué de presse du 12 janvier 2022 (6), EDF a actualisé ces éléments en tenant compte de l’impact de la crise sanitaire sur les activités de l'EPR de Flamanville, de l’état d’avancement des opérations de remise à niveau des soudures du circuit secondaire principal et de la préparation du démarrage de l'installation. La date de chargement du combustible a été décalée au second trimestre 2023 et l’estimation du coût à terminaison portée de 12,4 à 12,7 milliards d'euros (7) hors intérêts intercalaires.

Les coûts supplémentaires par rapport à l’estimation d’octobre 2019 ont été portés à 1,8 milliard d’euros 2015 et seront comptabilisés pour l’essentiel en autres produits et charges d’exploitation (8) (APCE) et non en investissements. Pour 2021, ces surcoûts, enregistrés en APCE, se sont élevés à 573 millions d’euros. Le montant des intérêts intercalaires tel que figurant dans les comptes à fin décembre 2021 s‘élève à 3 471 millions d’euros.

Les coûts engendrés par des modifications postérieures à la mise en service de la centrale ne sont pas inclus dans le coût de construction du projet.

Le projet n’a pas de marges ni sur le calendrier ni sur le coût à terminaison. Au fur et à mesure de la poursuite des travaux, de nouveaux sujets techniques émergent et sont susceptibles de majorer le coût à terminaison et le risque de report. Par ailleurs, les délais du chantier induisent un risque de vieillissement des équipements et matériaux. D’autres risques peuvent également émerger. Le risque relatif au calendrier et au coût à terminaison est donc très élevé (voir la section 2.2.4 « Risques liés à la performance opérationnelle » – « 4A – Maîtrise des grands projets industriels complexes, y compris les projets EPR »).

1.4.1.1.3.2 Autres projets « Nouveau Nucléaire »
A – Préparation d’un programme de nouveaux réacteurs nucléaires en France EPR2

EDF a remis le 15 avril 2016 à l’ASN un dossier d’options de sûreté du projet « EPR Nouveau Modèle » (EPR NM).

Début 2018, le Groupe Permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires a remis ses conclusions sur ce dossier d’option de sûreté. En particulier, il « constate que la plupart des évolutions de conception retenues pour le projet EPR NM tiennent compte des enseignements tirés du retour d’expérience du réacteur EPR Flamanville Et du parc en fonctionnement ainsi que des enseignements tirés de l’accident de Fukushima Daiichi ». Il « considère que les options de conception retenues pour le projet EPR NM, complétées ou modifiées à la lumière des discussions intervenues au cours de l’instruction technique qui ont conduit à de nombreux engagements, sont de nature à assurer un niveau de sûreté au moins équivalent à celui du réacteur EPR Flamanville 3 et conforme aux recommandations du guide ASN n° 22 (relatif à la conception des réacteurs à eau sous pression) ».

Dans son avis n° 2019-AV-0329 du 16 juillet 2019 relatif au dossier d’options de sûreté, l’ASN « considère que le référentiel de sûreté retenu pour le projet de réacteur EPR NM est globalement satisfaisant, notamment au regard de la réglementation, du guide du 18 juillet 2017 […] et des recommandations internationales ».

Par ailleurs, les travaux menés par EDF et Framatome sur le projet EPR NM ont permis de figer fin 2017 la configuration technique d’un modèle baptisé EPR 2 qui pourrait remplacer les réacteurs du parc nucléaire actuellement en exploitation en France et, à terme, élargir l’offre de la filière nucléaire française à l’export. EPR 2 est une version optimisée de l’EPR, qui se place dans la continuité industrielle de l'EPR tout en intégrant le retour d’expérience des chantiers EPR et des centrales en exploitation.

Dès cette date, EDF a informé l’ASN de cette nouvelle configuration. Dans le même avis que celui portant sur EPR NM, l’ASN considère que les conclusions relatives à EPR NM s’appliquent également à EPR 2.

(1) Un piquage est un élément qui permet de raccorder une tuyauterie à un circuit principal.

(2) RIS = Circuit d’injection de sécurité (permet, en cas d’accident causant une brèche importante au niveau du circuit primaire du réacteur, d’introduire de l’eau borée sous pression dans ce circuit). EVU = Circuit d’évacuation ultime de chaleur du bâtiment réacteur en situation d’accident grave (avec fusion du cœur).

(3) Voir communiqué de presse d’EDF du 12 janvier 2022 « EPR de Flamanville : Point d’actualité sur l’EPR de Flamanville ».

(4) Voir communiqué de presse d’EDF du 9 octobre 2019 « EPR de Flamanville : EDF privilégie un scénario de remise à niveau des soudures de traversée du circuit secondaire principal par robots et ajuste le calendrier et l’estimation du coût de construction ».

(5) En euros 2015 et hors intérêts intercalaires.

(6) Voir communiqué de presse d’EDF du 12 janvier 2022 « EPR de Flamanville : Point d’actualité sur l’EPR de Flamanville ».

(7) En euros 2015. Cette estimation tient compte de l’affectation analytique au titre du différend portant sur les soudures défectueuses du circuit secondaire principal, d’une partie de l’indemnité versée par AREVA (à hauteur de 225 millions d’euros) dans le cadre de l’accord transactionnel conclu entre EDF et AREVA le 29 juin 2021.

(8) Norme IAS 16 paragraphe 22 portant sur les coûts anormaux exposés dans le cadre d’immobilisations construites par l’entreprise. Ces coûts affecteront les années 2020, 2021 et 2022.