Les prix spot (du jour pour le lendemain) de l’électricité en France en janvier-février 2022 se sont établis en moyenne à 199,3 €/MWh en base et 230,6 €/MWh en pointe, en forte hausse par rapport aux prix de janvier-février 2021. Ces derniers s'étaient en effet établis à 54,5 €/MWh en base et 66,1 €/MWh en pointe. Cette hausse s’explique par la hausse des prix du charbon, du gaz et du CO2 malgré une production éolienne en hausse par rapport aux mois de janvier-février 2021. Les prix spot allemands sont également en forte hausse, pour des raisons similaires. Les prix s’y sont ainsi établis en moyenne à 149,3 €/MWh en base et 182,9 €/MWh en pointe, en hausse de respectivement 98,4 €/MWh et 121,2 €/MWh par rapport à ceux de janvier-février 2021.
Fin février 2022, les prix des contrats annuels français pour livraison en base et en pointe en 2023 cotaient respectivement à 176,9 €/MWh et à 294,8 €/MWh. Un an plus tôt, les prix à terme français de l’électricité pour livraison en base et en pointe en 2022 clôturaient le mois à 53,4 €/MWh et 66,3 €/MWh. Cette hausse des prix s'explique principalement par celle des prix du gaz, du charbon et du CO2.
En janvier-février 2022 les prix spot du gaz sur le marché français se sont établis en moyenne à 80,5 €/MWh, en hausse de 61,4 €/MWh par rapport à la même période en 2021. Cette hausse traduit un équilibre offre-demande plus tendu en Europe pour l'hiver. En effet, du fait de la forte demande asiatique liée à la reprise économique, les cargos GNL se sont prioritairement dirigés vers l’Asie. Les stocks européens, largement en-dessous des niveaux moyens début janvier, ont poursuivi leur baisse et se situent fin février à leur niveau le plus bas de la décennie. De plus, cette tension sur le marché du gaz s’amplifie très fortement du fait du conflit russo-ukrainien. En effet, les importations de gaz russe comptant pour près de 40 % de l'approvisionnement européen, le marché du gaz a fortement réagi à la crainte d'une pénurie en commodités suite aux sanctions prises à l’encontre de la Russie. Le Royaume Uni a annoncé fin février bannir les navires russes de ses ports, sans bannir explicitement les cargaisons russes. Enfin, l’Allemagne a annoncé dans la foulée vouloir accélérer sa campagne de reconstitution de ses stocks, pour les porter à 80 % début octobre, contribuant à amplifier la hausse des prix du gaz. A fin février, les flux de GNL restent importants et les flux de gaz russes relativement constants.
Le prix du baril de Brent a clôturé le mois de février à 101,0 $, en hausse de 34,9 $ par rapport à fin février 2021. Dans un contexte de marché tendu, les prix ont fondamentalement été soutenus par une contraction de l’offre. En effet, malgré les annonces de l’OPEP + début janvier, qui prévoyait le relèvement de la production globale de pétrole de 400 000 barils par jours pour le 7ème mois consécutif, une étude de l’agence Bloomberg indiquait que certains pays du cartel, comme le Nigéria et la Libye, ne parvenaient pas à tenir leurs engagements de production. Les manifestations au Kazakhstan, important producteur et membre de l’OPEP+, pour protester contre la hausse des prix du gaz ont constitué une nouvelle menace sur l'offre qui a également alimenté le mouvement haussier, bien qu'aucune installation de production n’ait été touchée. Côté demande, les effets du variant omicron se sont fait plus ténus que ceux du variant delta sur la consommation. Enfermé dans une dynamique haussière, le cours du baril a réagi mi-janvier successivement à la publication de l’AIE qui a relevé de près de 5 $ son anticipation du prix baril de Brent en 2022 ainsi qu’à l’intervention jugée peu convaincante du patron de la FED au Sénat pour limiter l’inflation du billet vert. Finalement, l’escalade des tensions à la frontière russo-ukrainienne, a renforcé la crainte des marchés d’un conflit où la Russie stopperait ses exportations de pétrole ce qui tirerait le prix du baril à la hausse.
Le prix du charbon pour livraison en Europe en 2023 a terminé le mois de février 2022 à 215,9 $/t en hausse de 147,3 $/t, par rapport au prix de clôture fin février 2021 du contrat 2022. Il a poursuivi sa hausse en ce début d’année 2022 entamée en 2021, sous l’effet de la crise énergétique en octobre dernier sur le prix du gaz. Suite à l’envolée des prix du gaz qui se poursuit en ce début d’année 2022, l'Europe a toujours besoin de plus de charbon afin de reconstituer ses stocks qui ont atteint leur plus bas niveau depuis 10 mois fin janvier. Cette tension sur le marché du charbon a été exacerbée par les difficultés d’acheminement de charbon russe par voie ferrée et l’escalade des tensions entre la Russie et l’Ukraine depuis fin janvier. Pour rappel, la Russie exporte 60 % de son charbon à destination de l’Europe, ce qui en cas de coupures volontaires ou accidentelles entre les parties, pourrait avoir des conséquences importantes quant à l’approvisionnement de l’Europe en charbon.
Le prix du certificat d’émission de CO2 pour livraison en décembre 2022 a clôturé le mois de février 2022 à 82,2 €/t, en hausse de 44,9 €/t par rapport au prix de clôture de février 2021 pour le produit décembre 2021. Le cours du quota de CO2 s'est tout d’abord orienté en hausse, jusqu’à clôturer à 96,9 €/t le 8 février, son plus haut niveau historique. Il s’est ensuite stabilisé autour de 90 €/t avant d’évoluer en forte baisse à mesure que les menaces de la Russie à l’encontre de l’Ukraine devenaient plus présentes. Le cours du carbone s’est établi fin février à 82,2 €/t, en diminution de 7,0 €/t sur un mois et de 14,7 €/t par rapport à son plus haut niveau historique.