Ces risques sont détaillés en section 2.2.4 « Performance opérationnelle – 4A – Maîtrise des grands projets industriels complexes, y compris EPR ».
Comme tout projet de cette ampleur, le projet comporte des risques importants en termes de retard et de dépassement du coût à terminaison du projet.
En termes de devises, environ un tiers des coûts du projet est libellé en euros. Ceci expose tant le projet que le groupe EDF au taux de change euro/livre.
En cas d’affaiblissement de la livre face à l’euro, le coût du projet en livres augmente et son TRI baisse en conséquence. Une stratégie de couverture a été mise en place au niveau projet afin de limiter l’exposition des dépenses en euros.
Toutefois, au niveau du Groupe, la dévaluation de la livre se traduirait par une baisse du besoin de financement ramené en euros et donc de la dette du Groupe. Compte tenu de l’horizon long terme de l’investissement dans le projet HPC, le groupe EDF déploie une stratégie progressive de couverture du risque d’appréciation de la livre dans son investissement HPC. Le TRI de l’investissement en euros reste, au-delà de la mise en service, principalement dépendant des variations de la livre et de l’inflation au Royaume-Uni (par rapport à la référence de juillet 2017), les revenus étant exprimés en livres et indexés à l’inflation.
Le projet est exposé aux fluctuations du cours de l’électricité au-delà de la période du CfD. Une variation du prix de l’électricité de 10£2015 /Mwh a un impact de 0,1 % sur le TRI.
Des contrats relatifs au Programme de financement du démantèlement des centrales et du transfert des déchets (FDP) ont été signés le 29 septembre 2016. La loi exige que les exploitants nucléaires disposent d’un FDP en vertu duquel une société de financement indépendante recouvre les cotisations et gère les fonds ainsi collectés pour payer les frais associés au démantèlement du réacteur nucléaire en fin de production.
La société de financement du démantèlement du réacteur nucléaire (FundCo) a été créée en conformité avec la loi de 2008 sur l’énergie (Energy Act 2008), son objectif consistant à assurer les coûts de démantèlement en mettant en œuvre le FDP.
L’objectif global de ce programme est de s’assurer que les exploitants prévoient le financement :
EDF et CGN ont signé le 29 septembre 2016, en même temps que les contrats HPC, les accords relatifs au projet Sizewell C concernant le développement, la construction et l’exploitation de deux réacteurs EPR (3,2 GW) à Sizewell dans le Suffolk.
Pendant la phase de développement précédant la décision finale d’investissement, la part d’EDF est de 80 % et celle de CGN de 20 %. EDF a prévu de préfinancer le développement à hauteur de sa quote-part d’un budget initial de 458 millions
de livres.
La décision finale d’investissement est susceptible d’intervenir mi-2022. En cas de report de la décision, un accord devrait être trouvé sur le financement des surcoûts induits.
Ce projet repose sur l’hypothèse que des investisseurs tiers s’engagent très majoritairement et EDF prévoit, à la date de la décision finale d’investissement, de devenir un actionnaire très minoritaire avec des droits limités correspondants et de déconsolider le projet des états financiers du Groupe (y compris dans le calcul de l'endettement économique par les agences de notation). À ce stade, il n’est pas certain que le Groupe parvienne à cet objectif.
Le modèle de financement envisagé n’a jamais été mis en œuvre pour des projets de cette envergure auparavant, il impliquerait l’une des plus importantes émissions de capital jamais réalisées couplée à un financement de projet sur le marché européen. Il est donc essentiel pour le projet, le gouvernement britannique et les actionnaires actuels d’obtenir le mécanisme de partage des risques approprié et la structure de financement correspondante avant la décision finale d’investissement. La capacité d’EDF à prendre une décision finale d’investissement sur Sizewell C et à participer au financement de ce projet au-delà de la phase de développement pourrait dépendre de la maîtrise opérationnelle du projet Hinkley Point C, de la définition d’un cadre de régulation et de financement adapté et de l’existence suffisante d’investisseurs et de financeurs intéressés dans le projet. Aucune de ces conditions n’est assurée à ce jour.
La non-obtention du cadre de financement adapté et de la régulation appropriée pourrait conduire le Groupe à ne pas prendre la décision d’investissement ou à prendre une décision dans des conditions non optimales (voir la section 2.2.4
« Performance opérationnelle » facteur de risque 4A « maîtrise des grands projets industriels complexes, y compris les projets EPR »).
Le développement du projet repose sur une stratégie de réplication d’HPC qui vise à diminuer les coûts grâce à une baisse des dépenses de construction associée à une réduction des risques. Le projet Sizewell C s’appuierait ainsi sur la technologie EPR – EDF étant en charge de la réplication du design – et bénéficierait du retour d’expérience de HPC.
Le développement du projet Sizewell C a franchi des étapes importantes en 2020.
En juin, les autorités britanniques (Planning Inspectorate) ont accepté d’examiner la demande d’autorisation d’aménagement (DCO – Development Consent Order) pour la construction de Sizewell C. L’examen devrait démarrer en avril 2021, la décision du Secrétaire d’État étant attendue d’ici avril 2022. Le DCO mentionne un objectif très ambitieux de réduction du coût de construction afin de prendre en compte le fait que Sizewell est la deuxième centrale du genre.
Fin 2020, des annonces majeures ont été faites par le gouvernement britannique afin de définir comment sera réalisé l’objectif de la neutralité carbone en 2050.
Le 18 novembre, un plan en 10 points pour une révolution industrielle verte a été publié. Il comprend un engagement à promouvoir le nucléaire comme source d’énergie propre à travers le nucléaire de forte puissance, et le développement de la prochaine génération de petits réacteurs avancés, reconnaissant le rôle important que le nucléaire de forte puissance jouera dans le futur mix énergétique bas carbone du Royaume-Uni. Le gouvernement britannique apportera jusqu’à 385 millions de livres dans un fonds pour le « nucléaire avancé », dont 215 millions de livres seront investis dans le développement d’une technologie britannique de petit réacteur modulaire (SMR). Les 170 millions de livres restants seront dédiés à un programme de recherche et développement sur les réacteurs modulaires avancés (AMR).
S’appuyant sur ce plan, le Livre blanc sur l’énergie (Energy White Paper) publié le
14 décembre 2020 expose les mesures que le gouvernement entend adopter au cours de la prochaine décennie, notamment l’ambition de mener au moins un projet de centrale nucléaire de forte puissance avec l'objectif d'une décision finale d’investissement d’ici la fin de la législature actuelle (2024), sous réserve d’un bénéfice financier avéré et du respect des exigences légales, réglementaires et de sécurité nationale du gouvernement.
En parallèle, le gouvernement britannique a déclaré qu’il allait engager des discussions avec EDF sur le financement du projet Sizewell C dans la mesure où il étudie les options pour concrétiser cette ambition. Le gouvernement a également déclaré qu’il continue d’examiner les options de financement pour le nouveau nucléaire, y compris le modèle de financement sur base d’actifs régulés (BAR). En outre, compte tenu de l’ampleur du défi financier, le gouvernement britannique pourrait examiner la possibilité de participer au financement pendant la construction, sous réserve qu’il y ait un bénéfice pour le consommateur et le contribuable.
La coopération entre EDF et CGN comprend le processus d’obtention de la certification du modèle de réacteur chinois HPR1000 au Royaume-Uni (UK HPR1000) par l’Autorité de sûreté (Office for Nuclear Regulations – ONR) et l’Agence pour l’environnement (Environment Agency) britanniques par le biais de la validation du design générique (GDA – Generic Design Assessment). À cette fin, EDF et CGN ont créé une entreprise commune, General Nuclear Systems Limited (GNS) (33,5 % EDF- 66,5 % CGN). Le pacte d’actionnaires de la joint-venture GNS a été signé le
29 septembre 2016.
La technologie HPR1000 a été développée par CGN avec un projet de référence en construction en Chine (FangChengGang 3-4).
Le GDA est un processus en 4 étapes qui a débuté en janvier 2017, les trois premières étapes ayant déjà été réalisées avec succès. La quatrième étape a démarré en
février 2020 pour une date d’achèvement prévue au premier trimestre 2022. Cependant l’Agence pour l’environnement a indiqué à CGN qu’il devrait résoudre au moins six problèmes de sécurité avant de poursuivre le projet, les analyses sont en cours.
En parallèle, EDF et CGN ont signé le 29 septembre 2016 le pacte d’actionnaires de Bradwell B pour développer une centrale nucléaire à Bradwell-on-Sea en utilisant la technologie UK HPR1000. À date, pendant la phase de développement précédant la décision finale d’investissement, CGN détient une participation de 66,5 % et EDF une participation de 33,5 %.