Cette révision résulte d’une reprise des activités plus rapide qu’anticipée lors de l’estimation publiée le 16 avril. La durée des arrêts programmés en 2020 a été ajustée pour tenir compte des conditions réelles de reprise des activités constatées sur les sites. Il a notamment été possible sur le premier semestre de terminer plusieurs arrêts de tranche de la campagne 2020 et de poursuivre les activités sur les tranches en fonctionnement, tout en respectant les mesures barrières, en optimisant la gestion des flux en entrée de site ou de zone contrôlée, en aménageant l’organisation des chantiers pour limiter le nombre d’intervenants sur la même activité ou encore en s’appuyant sur le télétravail. Du fait de la crise sanitaire, le deuxième semestre a débuté avec un nombre de tranches en arrêt programmé pour maintenance plus important qu’initialement prévu.
Les performances meilleures qu’attendues sur les arrêts de tranche au cours du deuxième semestre 2020 ont permis de ré-estimer la production nucléaire à une fourchette de 325-335 TWh le 13 novembre, puis de l’annoncer proche de 335 TWh le 16 décembre 2020. La production nucléaire 2020 s’est finalement établie à 335,4 TWh en diminution de 44,1 TWh par rapport à 2019, cette baisse étant liée aux effets directs et indirects de la crise sanitaire (modulation en lien avec la demande et avec le placement des arrêts ; contraintes de réalisation des arrêts de tranches liées aux mesures barrières) à hauteur de 32,9 TWh. Au-delà des effets liés à la crise sanitaire, la diminution de la production en 2020 par rapport à 2019 est due principalement à l’arrêt des deux réacteurs de Fessenheim et à la prolongation de trois arrêts complexes.
Comme indiqué dans son communiqué de presse du 16 avril 2020(1) , EDF a mis en œuvre en 2020 des mesures spécifiques pour accompagner ses clients dans le contexte de crise sanitaire.
Dans le cadre de la première période d’état d’urgence sanitaire du 24 mars au 10 juillet, EDF a décidé, pour ses clients particuliers, de garantir la fourniture d’énergie à l’ensemble de ses clients en suspendant, jusqu’au 1er septembre 2020, toute réduction ou interruption de fourniture d’électricité et de gaz ainsi que les pénalités de retard et pour les clients en situation difficile, d’assouplir ses modalités et échéanciers de paiement. Ce faisant, l’entreprise est allée au-delà des mesures mises en place par les Pouvoirs Publics (telle que la prolongation de la trêve hivernale jusqu’au 10 juillet 2020), à la fois dans leur portée et dans leur durée.
Pour ses clients professionnels, EDF a pris toutes les dispositions nécessaires pour faire bénéficier ses clients éligibles au Fonds de Solidarité qui le demandent, du report du paiement de leurs factures, conformément aux ordonnances et décrets adoptés par le Gouvernement. Les petites entreprises concernées ont ainsi pu demander le report du paiement de leurs factures exigibles jusqu’à la fin de la première période d’état d’urgence sanitaire le 10 juillet 2020. Ce report a été échelonné sur une durée de 6 mois à compter du dernier jour du mois suivant la date de fin de l’état d’urgence sanitaire.
Le Gouvernement français a décidé la mise en place d’une deuxième période d’état d’urgence sanitaire, à compter du 17 octobre 2020, et dont la fin initialement envisagée pour février 2021 est fixée au 1er juin 2021. Sur le marché des particuliers, des mesures spécifiques ont été prises par EDF complémentaires à celles inhérentes à la « trêve hivernale » commençant le 1er novembre (comme la suspension des interruptions de fourniture) : afin de protéger les clients en difficulté, EDF a décidé de suspendre toutes les réductions de puissance jusqu’au 15 janvier 2021, de ne facturer aucune pénalité de retard sur les factures émises lors de cette période et d’assouplir les délais de paiement accordés aux clients. L’accroissement du risque de recouvrement lié à ces mesures est intégré dans l’évaluation des provisions sur créances clients au 31 décembre 2020 (voir note 2.1.2). Sur le marché d’affaires, EDF s’était préparé à appliquer le report de paiement des factures prévu dans la loi d’urgence sanitaire d’octobre 2020, dès publication du décret d’application qui devait préciser le périmètre des clients concernés. Le décret n’étant pas sorti à ce stade, le recouvrement sur le marché d’affaires est resté conforme à la politique en vigueur, sans mesure spécifique de la part d’EDF.
Par ailleurs, comme indiqué dans son communiqué de presse du 2 avril 2020(2) , afin d’accompagner ses fournisseurs TPE et PME dans un contexte de ralentissement économique dû à la pandémie, le groupe EDF a accéléré le paiement de factures par rapport au délai contractuel de 60 jours en France. Le dispositif s’est tout d’abord appliqué aux prestations achevées et validées par EDF au 31 mars 2020, conduisant, pour EDF, au règlement des fournisseurs avant mi-avril pour les TPE et avant fin avril pour les PME, sans qu’une démarche de leur part ne soit nécessaire. Enedis s’est également engagée dans une démarche équivalente. Cette accélération des délais de paiement a ainsi tout d’abord porté sur plus de vingt mille factures pour un montant de l’ordre de 190 millions d’euros à l’échelle du Groupe en France. Le dispositif a été progressivement étendu jusqu’à la fin du premier semestre, en lien avec la fin de la première période d’état d’urgence sanitaire le 10 juillet 2020. Ce sont près de 261 millions d’euros qui ont été réglés de façon accélérée aux fournisseurs TPE et PME d’EDF en France entre avril et juin 2020. Ces mesures prises au premier semestre n’ont pas d’effet sur le besoin en fonds de roulement d’EDF au 31 décembre 2020.
EDF n’a pas procédé en lien avec la crise sanitaire à des classements au sein de son compte de résultat différents de ceux opérés usuellement, conformément aux recommandations de l’AMF et de l’ANC. Un travail approfondi a été réalisé par EDF dans les différentes entités et au niveau central, dans le cadre de la clôture semestrielle au 30 juin 2020, puis dans le cadre de la clôture annuelle au 31 décembre, afin d’élaborer des estimations fiables des impacts liés à la crise sanitaire dans ses états financiers. Sont ainsi présentés ci-dessous les principaux impacts estimés des effets de la crise sanitaire sur les différentes rubriques du compte de résultat d’exploitation d’EDF.
La crise sanitaire a un impact négatif sur le chiffre d’affaires à fin décembre 2020, estimé à 1 117 millions d’euros (soit environ - 2,5 % du chiffre d’affaires) en lien avec la diminution de la production nucléaire, ainsi qu’une baisse de la demande en électricité, celle-ci s’étant traduite par des ventes sur les marchés de gros réalisées à des prix plus bas.
L’impact estimé lié à la crise Covid-19 sur la CSPE (enregistrée en subvention d’exploitation) est évalué à 37 millions d’euros à la baisse et s’explique par la diminution des surcoûts d’achat d’énergie et de production en lien avec la baisse de la consommation d’électricité dans les territoires insulaires (ZNI).
En lien avec la diminution de la production nucléaire et la baisse de la demande en électricité et gaz, l’impact de la crise sanitaire sur les achats de combustibles et d’énergie à fin décembre 2020 correspond à une diminution estimée à environ 203 millions d’euros.
La crise sanitaire a par ailleurs un impact à la baisse sur les achats de services et autres achats consommés de biens estimée à 260 millions d’euros. Cette diminution correspond à des effets de différentes natures :
Les charges de personnel augmentent d’environ 68 millions d’euros principalement en lien avec le plan de relance de l’activité mis en place par l’entreprise. Ce montant intègre également l’effet défavorable de la crise sanitaire sur les charges de congés payés.
Enfin, les dotations aux provisions et dépréciations nettes des reprises sont impactées défavorablement pour un montant d’environ 118 millions d’euros, dont 85 millions d’euros suite à la réévaluation des provisions pour dépréciation des créances clients, ainsi que 45 millions d’euros d’augmentation des provisions pour déconstruction des centrales nucléaires arrêtées du fait de décalages dans certains chantiers de démantèlement.
L’élaboration des estimations ci-dessus a été réalisée sur la base d’un reporting spécifique mis en place par EDF dans le cadre du processus de clôture des comptes.
Les estimations des impacts sont évaluées de manière générale selon les modalités suivantes :
(1) Cf. communiqué de presse du 16 avril 2020 : Crise sanitaire : EDF s’engage sur des mesures inédites pour aider tous ses clients.
(2) Cf. communiqué de presse du 2 avril 2020 : Le groupe EDF mobilisé et solidaire face à la crise sanitaire.