Document d’enregistrement universel 2020

6. États financiers

Investissements en immobilisations corporelles et incorporelles

Les immobilisations corporelles en cours de production du domaine propre augmentent de 4 705 millions d’euros du fait d’un niveau d’investissement en 2020 significativement plus élevé que le montant de mises en service effectuées sur l’exercice (voir note 10.3). Les investissements en immobilisations corporelles et incorporelles réalisés en 2020 (voir note 10.7) concernent principalement :

  • le secteur France – Production et Commercialisation pour 5 361 millions d’euros, avec en premier lieu les investissements réalisés dans le cadre du programme Grand Carénage, les investissements au titre de Flamanville 3, ainsi que ceux relatifs à la production hydraulique ;
  • le secteur Royaume-Uni pour 3 679 millions d’euros, avec des investissements principalement relatifs à la production nucléaire ;
  • le secteur EDF Renouvelables pour 1 991 millions d’euros avec une augmentation significative des capacités mises en construction, en éolien et en solaire, en France, en Amérique du Nord, et dans les pays émergents.
Descriptifs des principaux projets en cours et investissements de la période
Grand Carénage

EDF mène depuis 2014 le programme Grand Carénage, qui vise à améliorer la sûreté et à poursuivre le fonctionnement des réacteurs du parc nucléaire au-delà de 40 ans. Estimé en 2015 à 55 milliards d’euros2013 pour la période 2014-2025, il a fait l’objet d’optimisations et de reports et a été évalué en 2018 à 45 milliards d’euros2013 soit 48,2 milliards d’euros courants pour cette même période 2014-2025.

Le 29 octobre 2020, EDF a réajusté le coût de ce programme à 49,4 milliards d’euros courants pour la période 2014-2025.

Cette nouvelle estimation intègre essentiellement les premiers enseignements sur les travaux à mener, induits par le processus d’instruction du quatrième réexamen périodique des réacteurs 900 MW, actuellement en cours. Il s’agit d’études, de modifications et d’équipements supplémentaires non prévus initialement et visant à améliorer le niveau de sûreté. Elle intègre également la révision de la durée prévisionnelle de réalisation des arrêts programmés pour maintenance (visites décennales et visites partielles), tirant le retour d’expérience des années précédentes, ainsi que les impacts de la crise sanitaire sur la période 2020-2022 (voir note 1.4.1).

Le programme Grand Carénage se poursuit avec 33 visites décennales réalisées sur les réacteurs 900 MW, 1 300 MW et 1 450 MW et 55 diesels d’ultime secours mis en exploitation sur 56.

La décision de l’ASN fixant les prescriptions applicables aux réacteurs de 900 MW au vu des conclusions de la phase générique de leur quatrième réexamen périodique est attendue pour fin février 2021.

EPR de Flamanville 3
Rappels relatifs à l’exercice 2019

Le 11 avril 2019, EDF(1) a annoncé prendre connaissance de l’avis du Groupe Permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaires (GP ESPN) au sujet des écarts affectant les soudures des tuyauteries vapeur principales en exclusion de rupture (2) de l’EPR de Flamanville, émis le 11 avril 2019.

L’ASN avait en effet réuni le 9 avril 2019 le Groupe Permanent d’experts pour les équipements sous pression nucléaires (GP ESPN) dans le cadre de son instruction de ces écarts :

  • EDF avait remis à l’ASN le 3 décembre 2018 un dossier technique sur les modalités de réparation et de remise à niveau des soudures du circuit secondaire principal qui présentaient des écarts vis-à-vis de l’exigence d’exclusion de rupture ainsi que sur la démarche de justification spécifique pour les 8 soudures dites de traversées de l’enceinte du bâtiment réacteur ;
  • ce dossier a fait l’objet d’une instruction par l’ASN, avec l’appui technique de l’IRSN ;
  • c’est sur cette base que les discussions ont été menées en réunion du GP ESPN, en présence d’EDF qui a présenté l’historique des faits, leur analyse et les modalités de traitement des écarts. EDF s’est attachée à répondre à toutes les questions du Groupe Permanent pour l’instruction technique de ce dossier.

EDF a alors indiqué que les recommandations formulées et les pistes de solution suggérées par le Groupe Permanent pourraient impacter le calendrier de mise en service et le coût de construction et que le Groupe poursuivrait ses échanges avec l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) qui devait se prononcer quelques semaines plus tard sur la suite donnée à l’instruction de ce dossier.

En conséquence le Groupe avait indiqué qu’un point précis sur le calendrier et le coût de construction de l’EPR de Flamanville serait effectué après la publication de l’avis de l’ASN.

Le 20 juin 2019(3) , EDF a annoncé prendre connaissance de la décision de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans son courrier daté du 19 juin 2019 relatif aux écarts affectant les soudures des tuyauteries vapeur principales en exclusion de rupture de l’EPR de Flamanville.

Dans ce courrier, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) demandait à EDF de reprendre les huit soudures de traversées de l’enceinte de confinement du réacteur EPR de Flamanville en écart par rapport au référentiel d’exclusion de rupture.

Le 26 juillet 2019(4) , EDF a annoncé que trois scénarios de remise à niveau des soudures de traversée étaient à l’étude et qu’après instruction détaillée des trois scénarios et échanges avec l’ASN, le Groupe communiquerait dans les prochains mois sur les implications du scénario retenu en termes de planning et de coût. Le Groupe a alors indiqué que la mise en service ne pouvait être envisagée avant fin 2022.

Ces travaux ont ensuite donné lieu à des échanges avec l’ASN, qui a transmis le 4 octobre 2019 à EDF (5) une lettre relative à la faisabilité technique de ces trois scénarios.

Le scénario de reprise des soudures de traversées présenté comme privilégié par EDF est l’utilisation de robots télé-opérés, conçus pour mener des opérations de grande précision à l’intérieur des tuyauteries concernées, technologie développée pour le parc en exploitation et devant être qualifiée pour la reprise des soudures de traversées, l’objectif étant que la qualification de ce scénario et sa validation par l’ASN puissent intervenir au plus tard à la fin de l’année 2020, date à laquelle EDF pourrait engager les travaux. Un second scénario, fondé sur l’extraction et la remise à niveau dans les bâtiments auxiliaires de sauvegarde, est conservé à ce stade à titre de solution de repli.

Au vu de cette stratégie de reprise des soudures de traversées, le Conseil d’administration d’EDF, réuni le 8 octobre 2019, a approuvé la poursuite du chantier de l’EPR de Flamanville.

Dans ce contexte, le Groupe a été amené à ajuster le calendrier et l’estimation du coût de construction de l’EPR de Flamanville(6) .

Le calendrier prévisionnel de mise en œuvre du scénario privilégié de reprise des soudures de traversées conduit, si l’objectif mentionné ci-dessus s’agissant de la validation par l’ASN est respecté, à prévoir une date de chargement du combustible à fin 2022 et à réestimer le coût de construction à 12,4 milliards d’euros(7) soit une augmentation de 1,5 milliard d’euros. Ces surcoûts supplémentaires seront comptabilisés pour l’essentiel en résultat d’exploitation(8) et non en immobilisation et ces coûts affecteront les années 2020, 2021 et 2022.

(1) Cf. communiqué de presse du 11 avril 2019.

(2) « L’exclusion de rupture » est un très haut standard de qualité qui va au-delà de la réglementation ESPN. Elle implique un renforcement des exigences de conception, de fabrication et de suivi en service de certains matériels. Ce renforcement doit être suffisant pour considérer que la rupture de ces matériels est extrêmement improbable. Ce standard permet de ne pas étudier intégralement les conséquences d’une rupture de ces tuyauteries dans la démonstration de sûreté de l’installation.

(3) Cf. communiqué de presse du 20 juin 2019.

(4) Cf. communiqué de presse du 26 juillet 2019.

(5) Cf. communiqué de presse du 9 octobre 2019.

(6) La problématique de l’écart au référentiel technique de fabrication de composants de réacteurs nucléaires par Framatome (procédé de traitement thermique détensionnement de soudures par résistance électrique – TTD) concerne notamment les quatre générateurs de vapeur et le pressuriseur du réacteur EPR de Flamanville 3 – voir communiqué de presse du 9 septembre 2019.

(7) En euros 2015 et hors intérêts intercalaires.

(8) Norme IAS 16 paragraphe 22 portant sur les coûts anormaux exposés dans le cadre d’immobilisations construites par l’entreprise.