Document d’enregistrement universel 2020

3. Performance extra-financière

3.2.2.2 Gestion des sols et eaux souterraines

La pollution des sols et des eaux souterraines figure au titre des impacts potentiels des activités industrielles du Groupe sur l’environnement. Le Groupe possède ou utilise en concession des actifs fonciers importants. Les politiques environnementales des entités visent à optimiser l’utilisation des sols et à prévenir tout impact sur ces milieux. L’utilisation des sols et l’usage des eaux souterraines fait l’objet d’un suivi au titre des actions biodiversité (voir la section 3.2.1 « Biodiversité ») et de la surveillance des nappes (voir la section 3.2.3.1 "Soutenabilité de nos usages de l’eau").

Prévention des impacts

La prévention des impacts repose sur une démarche de type « défense en 
profondeur » et des moyens de protection opérationnels sur tous les sites industriels :

  • maintien en conformité des dispositifs de protection (barrière entre substances et environnement) ;
  • maîtrise des opérations de gestion des effluents et des déchets ;
  • entretien et surveillance des ouvrages ultimes de rétentions ; maintien de la propreté radiologique et chimique surfacique des sols pour les sites industriels ;
  • surveillance physico-chimique et radiologique de la qualité des eaux souterraines au droit des sites par l’intermédiaire d’un réseau dense de piézomètre permettant de contrôler l’état géochimique des nappes, des bassins de rétentions sur les lieux de stockage d’effluent chimique ;
  • renforcement des moyens de protection lors des transports des combustibles ou déchets ;
  • présence de kits d’urgence en cas de déversement et réalisation d’exercices associés ;
  • ainsi que des procédures opérationnelles ;
  • une sensibilisation des exploitants et prestataires par des formations adaptées.

Ces mesures de prévention s’appuient sur les études d’impact et de danger relatives aux ouvrages et s’enrichissent lors des réexamens périodiques.

Optimisation de l’utilisation des sols

Afin de maîtriser les situations, sur l’ensemble des actifs fonciers du Groupe, les plans d’actions en place se composent de quatre étapes : l’inventaire des sites fonciers ; l’identification des pollutions potentielles ; l’analyse des sols ; leur mise sous surveillance afin de maîtriser les sources de pollution, d’élaborer un plan de gestion et d’envisager l’éventuelle réhabilitation en fonction de l’usage futur et des exigences réglementaires.

Des plans d’actions spécifiques sont menés pour limiter le recours aux produits phytosanitaires.

  • la Direction Immobilière d’EDF s’était fixée comme objectif d’abandonner tous les produits phytosanitaires d’ici 2022 pour tous les espaces, non sensibles aux questions de sûreté-sécurité, des sites industriels continentaux. D’autres entités n’utilisent plus de produits de ce type(1) ;
  • le gestionnaire de réseau de distributon Enedis a pour objectif d’atteindre le « zéro phyto » en 2021 pour entretenir les espaces verts des sites tertiaires et, à compter de 2024, pour les sites industriels (postes-sources).

Les actions menées sont variées : techniques alternatives au désherbage chimique (mécaniques, thermiques…) ; protocoles de gestion de la végétation (EDF Renouvelables et EDF R&D) (gestion différenciée, moutons, etc.) ; prescriptions vis-à-vis des entreprises en charge de l’entretien des espaces. Ces actions sont accompagnées de programmes de formation et de sensibilisation.

3.2.3 Gestion intégrée et durable de l’eau

En tant que gestionnaire et utilisateur important de la ressource en eau, le groupe EDF veut agir en faveur d’une gestion intégrée et responsable de l’eau. À ce titre, le Groupe s’engage à :

  • protéger et gérer l’eau de manière intégrée et soutenable, tant au plan quantitatif que qualitatif ; ainsi, chaque site produisant de l’énergie prévoira, évaluera et rendra compte de la soutenabilité de son usage de l’eau en utilisant une méthode interne au groupe EDF (dans l’attente d’une méthode internationale reconnue) ;
  • partager l’eau au sein des territoires dans lesquels il agit en intégrant pleinement la dimension locale de l’eau (multi-usages sous contraintes climatiques).

EDF contribue à différents travaux internationaux dans le domaine de l’eau (Conseil d’administration de l’IHA, Conseil d’administration du Partenariat Français pour l’Eau, membre du Conseil Mondial de l’Eau…) et, en tant que représentant de l’UFE à Eurelectric, participe au travail de la Commission européenne sur la directive-cadre sur l’eau.

3.2.3.1 Soutenabilité de nos usages de l’eau

En France métropolitaine, les barrages exploités par EDF permettent le stockage de plus de 7 milliards de mètres cubes d’eau.

À l’échelle du Groupe, environ 45 milliards de mètres cubes d’eau sont prélevés pour le refroidissement des moyens de production thermique, dont 99 % sont restitués dans le milieu naturel et réutilisables presque instantanément, ce qui fait d’EDF un important préleveur mais un faible consommateur d’eau.

Chaque année, plusieurs millions d’euros sont consacrés à la R&D dans le domaine de l’eau. Cela s’est traduit en 2019 par le lancement du projet « Visi’Eau », couvrant différents axes de recherche de la source froide à la modélisation hydrologique d’un bassin-versant, pour un montant de 9 millions d’euros sur 4 ans.

3.2.3.1.1 Des résultats performants en termes d’intensité eau

L’essentiel du prélèvement d’eau de ses installations se fait en France (80 %) et au Royaume-Uni (18 %) dans des zones où il n’y a pas de stress hydrique permanent. Un grand nombre d’installations nucléaires et thermiques est implanté en bord de mer et n’utilise donc pas d’eau douce.

L’exposition au stress hydrique

L’exposition au stress hydrique des moyens de production du Groupe a été évaluée par 4 différents outils internationaux (Blue Water Scarcity de WFN, Aqueduct(2) de WRI, AWARE du projet WULCA et WEI+ de l’EEA). Ils n’indiquent pas de prélèvement d’eau douce dans des zones stressées en France, à l’exception d’Aqueduct. Le stress hydrique de référence (Baseline Water Stress – BWS) est calculé comme le rapport entre le prélèvement annuel d’eau et la disponibilité annuelle moyenne de l’eau pendant la période 1950-2010 pour 215 sous bassins en France.

Les résultats de cette évaluation montrent que :

  • quatre centrales nucléaires sont situées dans une zone de stress hydrique extrême (BWS> 80 %), mais ne sont pas exposées aux risques liés à l’eau car utilisant l’eau de mer comme source froide et ne prélevant donc pas d’eau douce ;
  • cinq centrales nucléaires font face à un risque moyen à élevé (20 %<BWS<40 %), pour lesquelles des mesures spécifiques ont été prises soit lors de la conception, soit lors de l’exploitation (infrastructure, gestion de l’eau avec les acteurs locaux, etc…). Elles ne sont donc pas confrontées à des risques de pénurie d’eau. Ainsi, le réservoir de Lunax a été construit dès l’origine en amont de la centrale nucléaire de Golfech pour pallier un possible déficit d’eau de la Garonne utilisée pour son refroidissement en période de sécheresse aggravée. En 2020, Golfech a été arrêté quelques jours en période de canicule, non pas pour des questions de débit, mais à cause des températures élevées du fleuve (atteinte des limites réglementaires) ;
  • trois sites thermiques à flamme sont situés dans une zone de stress hydrique pour lesquelles des mesures appropriées d’économie d’eau ont été prises sans avoir d’impact sur la production, faible pendant période estivale (en pratique, des arrêtés préfectoraux liés à la sécheresse sont promulgués chaque année pendant l’été).

(1) Cyclife, Edison, Luminus, EDF Norte Fluminense, EDF Hydro ; ÉS a abandonné tous produits à base de glyphosate.

(2) WRI Aqueduct, développé par le World Resources Institute, est un outil cartographique permettant d’appréhender le risque associé à la ressource en eau à l’échelle mondiale.Les chercheurs du projet Aqueduct ont calculé 12 indicateurs parmi lesquels l’accès à l’eau, le stress hydrique, la sécheresse, la pression sur les nappes phréatiques, etc.