Document d’enregistrement universel 2020

3. Performance extra-financière

3.1.3.2.3 L’approche par scénarios pour vérifier la résilience de l’entreprise
La scénarisation des risques physiques

Pour l’évaluation des risques physiques liés au changement climatique (chroniques et aigus), le groupe EDF utilise les trajectoires de long terme dites RCP (Representative Concentration Pathways) développées par le GIEC(1). Ces trajectoires décrivent différents futurs climatiques, qui sont tous considérés comme possibles en fonction des quantités de gaz à effet de serre émis dans les années à venir. Elles sont identifiées par la valeur du forçage radiatif résultant à l’horizon 2100 : plus cette valeur est élevée, plus le système terre-atmosphère gagne en énergie et se réchauffe. Ainsi le RCP2.6 correspond à un forçage radiatif de 2,6 W/m2 et est le seul scénario du GIEC à permettre de respecter l’Accord de Paris, quand le scénario RCP 8.5, le plus pessimiste, conduit à un réchauffement estimé entre 2,6° C et 4,8° C.

Le groupe EDF intègre systématiquement le scénario climatique le plus impactant (i.e. RCP 8.5) dans les évaluations de risques de ses installations. Ces évaluations ont notamment été réalisées pour l’ensemble des centrales nucléaires du Groupe et sont obligatoires pour toute nouvelle centrale nucléaire ou hydraulique. Les résultats de ces évaluations ont conduit à plusieurs modifications, dont la conception des prises d’eau de la centrale nucléaire britannique de Hinkley Point C, afin de prendre en compte l’élévation du niveau de la mer.

La scénarisation des risques de transition

Le secteur de la production d’électricité et de la chaleur est, au niveau mondial, le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre, représentant à lui seul 25 % des émissions mondiales(2) . En France, grâce à la performance carbone du groupe EDF, le secteur de la production d’électricité et de chaleur ne représente que 6 % des émissions anthropiques nationales de gaz à effet de serre(3). Comme l’a montré le GIEC(4), les trajectoires sans dépassement, ou avec un dépassement minime de l’objectif de 1,5° C, ne pourront être atteintes qu’avec un accroissement de l’électrification des usages associé à une accélération de la décarbonation de l’électricité. Ainsi, la part de l’électricité dans la consommation finale d’énergie devrait passer au niveau européen de 22 % aujourd’hui à plus de 50 % d’ici 2050, dans la plupart des scénarios(5) visant à atteindre la neutralité carbone.

Pour évaluer les risques de transition (juridique, technologique, marché, réputation), le groupe EDF utilise des scénarios à horizon moyen terme (2030 – 2050), sur des périmètres nationaux (comme la Stratégie Nationale bas Carbone française, adoptée en 2020) ou régionaux (comme la stratégie long terme de l’Union européenne et l’étude sectorielle « Decarbonisation Pathways » pilotée par Eurelectric et à laquelle le groupe EDF a contribué en 2018).

Le groupe EDF présente un profil d’exposition aux risques de transition, et notamment aux risques politiques, atypique comparé à la plupart des autres énergéticiens dans le monde. En effet, avec un mix de production décarboné à plus de 90 %, le renforcement des politiques visant à atteindre la neutralité carbone, comme la hausse des prix du marché de gaz à effet de serre européen, constituent pour le Groupe de formidables opportunités de valorisation de ses atouts.

3.1.3.2.4 L’utilisation d’un prix du carbone pour orienter les investissements

Les projets d’investissement du groupe EDF sont passés au crible de sa stratégie CAP 2030 et de son engagement d’atteindre la neutralité carbone sur l’ensemble de ses émissions directes et indirectes d’ici 2050. Pour l’ensemble des pays couverts par l’EU-ETS (système européen d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre), qui concentrent la majeure partie des investissements du groupe EDF, la sensibilité de la rentabilité des projets en matière de production est également évaluée sur la base de scénarios moyen-long terme incluant différentes trajectoires de prix anticipés des quotas d’émissions jusqu’en 2050.

Ces scénarios et les trajectoires de prix du carbone associées sont construits en considérant différents paramètres, en particulier la croissance du PIB, les prix des matières premières, les coûts des technologies, les régulations climatiques et énergétiques. Dans sa réponse au questionnaire du CDP 2020, EDF indique, à titre d’exemple, que la fourchette de prix du carbone actuellement retenue dans ses scénarios est de 24 à 100 €2019 /t CO2 à l’horizon 2040.

En permettant d’identifier les risques et opportunités associés aux projets et de tester leur résilience vis-à-vis du changement climatique, cette analyse, fondée sur des scénarios intégrant différentes trajectoires de prix du carbone, contribue à l’orientation des investissements du Groupe.

3.1.3.3 EDF acteur de la finance durable
3.1.3.3.1 Alignement avec la taxonomie européenne

La Taxonomie Européenne (EU Taxonomy) est la première et certainement la plus importante mesure du plan d’action intitulé « Financer la Croissance Durable », lancée par la Commission européenne en mars 2018. Elle doit permettre à terme d’encadrer le marché des produits financiers dits « verts » ou « durables ».

Elle traduit un enjeu clé en vue de canaliser les investissements vers des technologies et des projets indispensables à l’atteinte des objectifs climatiques européens et de la neutralité carbone. Dans ce cadre, le Groupement International d’Expert sur le Climat (le GIEC) ainsi que l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) confirment que le nucléaire fait partie des solutions pour limiter le réchauffement climatique et atteindre les objectifs des accords de Paris.

Éclairé par ces observations et s’appuyant sur les études scientifiques, EDF considère que le nucléaire a sa place dans la taxonomie européenne, car il permet de réduire les émissions de CO2, en Europe et dans le monde, et apporte une contribution substantielle à l’atténuation du changement climatique (1er objectif de la taxonomie).

En 2020, près de 94 % des investissements du Groupe sont réalisés en conformité avec les objectifs bas carbone du Groupe(6), avec 51 % d’investissements dans le secteur nucléaire, et 43 % alignés avec la taxonomie durable européenne(7), incluant notamment la production d’énergies renouvelables (hydraulique, éolien, solaire…), les réseaux et les services énergétiques. Ces chiffres sont susceptibles d’être revus en fonction de la réglementation « Taxonomie », notamment avec la publication des actes délégués en 2021.

3.1.3.3.2 Recours aux Green Bonds (obligations vertes)

EDF est un émetteur de référence sur le marché des Green Bonds. Il a ainsi émis, depuis novembre 2013, l’équivalent d’environ 6,9 milliards d’euros de Green Bonds (incluant l’émission d’obligations vertes convertibles de 2,4 milliards d’euros en 2020(8) ) pour accompagner son développement dans les énergies renouvelables. Après deux premières émissions destinées à financer la construction de nouveaux projets éoliens et solaires de sa filiale EDF Renouvelables, puis un élargissement en 2016 au financement des investissements de rénovation et de modernisation des actifs hydroélectriques en France métropolitaine, le groupe EDF a mis à jour son Green Bond Framework en janvier 2020 afin d’intégrer les meilleures pratiques de marché et d’élargir le champ des investissements éligibles à des projets d’efficacité énergétique et de biodiversité, en France comme à l’international.

Jusque-là, les émissions de Green Bonds du groupe EDF ont contribué à financer une trentaine de projets éoliens et solaires et plus de 800 opérations de rénovation, modernisation et développement d’ouvrages hydrauliques existants en France, permettant d’éviter plus de 6 millions de tonnes de CO2. Les Green Bonds sont pleinement intégrés à la politique de financement du Groupe. EDF est un membre actif de la gouvernance des Green Bond Principles(9) et co-fondateur du Corporate Forum on Sustainable Finance(10) (voir la section 6.7 « Informations relatives à l’allocation des fonds levés dans le cadre des obligations vertes (Green Bonds) émises par EDF »).

(1) Assessment Report N° 5, IPCC, 2014.

(2) Assessment Report N° 5, IPCC, 2014 (données 2010).

(3) Inventaire SECTEN, CITEPA, juillet 2020, (données 2019).

(4) IPCC special report Global Warming 1,5° C, octobre 2018.

(5) EU Long Term Strategy scenarios, novembre 2018.

(6) Chiffres conformes aux comptes consolidés au 31 décembre 2020.

(7) Selon la méthode définie à date sur la base du rapport TEG mars 2020.

(8) Voir le communiqué de presse du groupe EDF du 8 septembre 2020.

(9) www.icmagroup.org/assets/documents/Regulatory/Green-Bonds/Green-Bonds-Principles-June-2018-270520.pdf 

(10) www.edf.fr/groupe-edf/espaces-dedies/journalistes/tous-les-communiques-de-[…]ations-vertes-lancent-le-corporate-forum-on-sustainable-finance