Le besoin de financement du projet dépassera d’ici la fin de construction l’engagement contractuel des actionnaires, ce qui amènera le Groupe à assumer d’ici la fin de construction une part supérieure à sa quote-part des besoins de financement et ce qui pourrait conduire, le cas échéant, en cas de désalignement des actionnaires, à des difficultés de financement du projet.
Le TRI du projet est aussi sensible au taux de change et pourrait être réduit en cas de baisse importante de la livre sterling par rapport à l’euro, notamment sous l’effet de la mise en œuvre du Brexit évoquée ci-dessus. Il est également sensible à l’inflation et aux prix de marchés de l’électricité(1) . Enfin, la gouvernance du projet pourrait également être affectée en cas de désalignement entre les actionnaires. L’évolution de ces différents facteurs pourrait avoir un impact significatif sur la situation financière du Groupe.
EDF a également signé deux autres accords avec CGN relatifs aux projets de centrales nucléaires au Royaume-Uni de Sizewell C et Bradwell B (voir section 1.4.5.1.2.5 « Royaume-Uni – Division Nouveau Nucléaire »).
Pendant la phase de développement précédant la décision finale d’investissement, la part d’EDF est de 80 % et celle de CGN de 20 %. EDF a prévu de préfinancer le développement à hauteur d'un budget initial de 458m£. La décision finale d’investissement est susceptible d’intervenir mi-2022. En cas de report de la décision, un accord devrait être trouvé sur le financement des surcoûts induits.
Ce projet repose sur l’hypothèse que des investisseurs tiers s’engagent très majoritairement et EDF prévoit, à la date de la décision finale d’investissement, de devenir un actionnaire très minoritaire avec des droits limités correspondants et de déconsolider le projet des états financiers du Groupe (y compris dans le calcul de l’endettement économique par les agences de notation). À ce stade, il n’est pas certain que le Groupe parvienne à cet objectif.
Compte tenu du fait que ce modèle de financement n’a jamais été mis en œuvre pour des projets de cette envergure auparavant, cela impliquerait l’une des plus importantes émissions de capital jamais réalisées couplée à un financement de projet sur le marché européen. Il est donc essentiel pour le projet, le gouvernement britannique et les actionnaires actuels d’obtenir le mécanisme de partage des risques approprié et la structure de financement correspondante avant la décision finale d’investissement. La capacité d’EDF à prendre une décision finale d’investissement sur Sizewell C et à participer au financement de ce projet au-delà de la phase de développement pourrait dépendre de la maîtrise opérationnelle du projet Hinkley Point C, de la définition d’un cadre de régulation et de financement adapté et de l’existence suffisante d’investisseurs et de financeurs intéressés dans le projet. Aucune de ces conditions n’est assurée à ce jour.
Le gouvernement britannique a annoncé le 14 décembre 2020 qu’il entrait en discussion avec EDF au sujet du financement de Sizewell C.
La non-obtention du cadre de financement adapté et de la régulation appropriée pourrait conduire le Groupe à ne pas prendre la décision d’investissement ou à prendre une décision dans des conditions non optimales.
Sur le projet de Bradwell B, l’évaluation par l’Office for Nuclear Regulation du design générique du modèle de réacteur UK HPR1000 (UK Hualong) se poursuit et le développement de cette technologie sur le site de Bradwell B au Royaume-Uni pourrait être impacté par ce processus. En janvier 2021, à l’issue d’une première évaluation du design générique, l’Environment Agency a publié des conclusions soulignant que ce design présente de nombreux éléments acceptables sur le plan environnemental, mais que certaines questions en relation avec les systèmes de chauffage, de ventilation et de conditionnement d’air, les méthodes d’élimination des déchets radioactifs ainsi que l’utilisation du retour d’expérience d’élaboration des différents dossiers de sûreté au cours du projet, devront être traitées par le projet. L’Environment Agency compte terminer son évaluation du design du projet Bradwell B début 2022.
Dans la mesure où les projets de Sizewell et Bradwell associent EDF à CGN, ils sont susceptibles d’être impactés par l’évolution des relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et la Chine.
Suite à la signature en mars 2018 avec NPCIL (Nuclear Power Corporation of India Limited) d’un accord industriel non engageant (Industrial Way Forward Agreement -IWFA) en vue de la réalisation de six réacteurs de type EPR sur le site de Jaitapur en Inde d’une puissance totale avoisinant 10 GW et conformément au calendrier fixé par l'IFWA, EDF et ses partenaires ont remis une offre complète conditionnée non engageante à NPCIL fin 2018. Dans cette offre, le groupe EDF et ses partenaires fourniraient l’ensemble des études et des équipements de l’îlot nucléaire, de l’îlot conventionnel, des systèmes auxiliaires ainsi que des sources froides et galeries de la technologie EPR. EDF ne sera pas investisseur dans le projet et le client NPCIL en sera le chef de projet général et l’intégrateur en phase d’exécution (assumant notamment les risques de licensing, construction, montage et intégration globale) voir section 1.4.1.1.3.2 « Autres projets – Nouveau Nucléaire » et section 1.4.5.3.6.2 « Asie du Sud-Est et du Sud ». Le processus de convergence technique et commerciale s’est poursuivi en 2020 avec NPCIL afin de permettre à EDF de remettre, dans le courant du premier semestre 2021, une offre technico-commerciale engageante et conditionnée notamment à l’établissement d’un cadre satisfaisant de responsabilité civile nucléaire. À fin 2020, certains sujets technico-commerciaux significatifs n’ont cependant pas fait l’objet d’une convergence. EDF vise la signature d’un General Framework Agreement dans les mois suivants la remise de l’offre, ce qui permettrait de lancer les activités d’exécution du projet.
Le projet présente le profil de risque d’un fournisseur de prestations d’ingénierie et de fournitures d’équipements ; sa valeur réside donc dans la matérialisation de la marge incluse dans le prix des prestations vendues. Comme tous les grands projets industriels complexes, ce projet présente pour le périmètre sous la responsabilité d’EDF et de ses partenaires, des risques techniques, industriels et de maîtrise des coûts ainsi que du respect de jalons pré-définis notamment au regard du modèle de revenus attendus. Au-delà du risque pays, les conditions liées au cadre de responsabilité civile nucléaire en Inde et la sécurisation du plan de financement du projet devront être levées avant signature des contrats finaux.
La prise en compte des besoins de l’exploitant final, responsable de la sûreté en exploitation, dès le début de la conception, et tout au long des études et de la réalisation des projets EPR, est un élément fondamental pour la réussite des projets EPR et pour la sûreté en exploitation des réacteurs EPR auxquels le Groupe est partie prenante.
Framatome peut exposer le Groupe à travers ses activités en France comme à l’international, pour d’autres exploitants nucléaires qu’EDF ou encore d’autres clients. L’exposition du Groupe peut être notamment d’ordre financier ou réputationnel. La performance industrielle de Framatome demeure stratégique pour EDF Exploitant nucléaire en France et au Royaume-Uni. La réussite des projets EPR est conditionnée par la qualité et le respect des clauses contractuelles dans la production par Framatome d’études, de composants ou de services pour chacun des Projets EPR.
Ainsi, Framatome a poursuivi en 2020 le plan d’actions visant, par des études et essais, à caractériser et traiter les écarts constatés en 2019 sur les procédés de Traitement Thermique de Détentionnement local (TTD) mis en œuvre pour souder les composants des circuits primaires ou secondaires. Avec l’accord des autorités de sûreté des pays concernés, l’exploitation des tranches concernées par ces écarts s'est poursuivie et une démarche de traitement a été convenue avec l’autorité française pour traiter les écarts relatifs à des équipements en cours de fabrication. A ce jour, Framatome n’a pas reçu de réclamation formelle de la part de ses clients.
L’intégration de Framatome au sein du groupe EDF repose sur l’hypothèse de développement de projets de nouveaux réacteurs nucléaires en France et à l’étranger et vise à développer des synergies pour renforcer l’attractivité de l’offre française. La non-atteinte de ces objectifs pourrait être de nature à remettre en cause la compétitivité de la filière nucléaire en France et de celle du Groupe dans son développement international, et dans la réussite de tous les Projets EPR.
Les autres enjeux et risques spécifiques de l’activité nucléaire, qu’il s’agisse de la sûreté nucléaire, de la maîtrise des opérations d’exploitation ou de maintenance, des engagements de long terme ou du cycle du combustible, sont précisés dans la section 2.2.5 « Risques spécifiques aux activités nucléaires ».
(1) Postérieurement à l’échéance du CfD