1. Le Groupe, sa stratégie et ses activités

Au vu de cette stratégie de reprise des soudures de traversées, le Conseil d’administration d’EDF, réuni le 8 octobre 2019, a approuvé la poursuite du chantier de l’EPR de Flamanville.

Par ailleurs, l’instruction technique de remise à niveau des soudures situées sur le circuit secondaire principal présentant des écarts de qualité ou ne respectant les exigences du référentiel « exclusion de rupture » défini par EDF se poursuit afin de démarrer les activités de soudage au plus tôt.

Calendrier de mise en service et coût de construction

Dans le contexte rappelé ci-dessus, le 9 octobre 2019(1) le Groupe a communiqué un nouveau calendrier et une nouvelle estimation du coût de construction de l’EPR de Flamanville. Le calendrier prévisionnel de mise en œuvre du scénario privilégié de reprise des soudures de traversées conduit, si l’objectif mentionné ci-dessus s’agissant de la validation par l’ASN du scénario de reprise retenu est respecté, à prévoir une date de chargement du combustible à fin 2022 et à ré-estimer le coût de construction à 12,4 milliards d’euros(2) soit une augmentation de 1,5 milliard d’euros. Ces coûts supplémentaires seront comptabilisés pour l’essentiel en autres produits et charges d’exploitation(3) et non en investissements.

Par ailleurs, du fait du décalage de la date de chargement du combustible, il n’y aura plus en 2020 de revenus associés à la phase de tests de l’installation à comptabiliser en déduction des investissements nets(4). Les nouvelles cibles de calendrier et de coût de construction restent dépendantes des instructions menées par l’ASN notamment sur les modalités envisagées par EDF pour le traitement des soudures du circuit secondaire principal, et en particulier de la qualification du robot soudeur pour la reprise des soudures des traversées.

Si le scénario de repli mentionné plus haut devait in fine être retenu, il se traduirait par de nouveaux surcoûts et délais potentiellement significatifs. D’autres risques peuvent également émerger (voir section 2.2.4 « Performance opérationnelle –facteur de risque 4A – maîtrise des grands projets industriels complexes, y compris les projets EPR »).

1.4.1.2.2 Autres projets « Nouveau Nucléaire »
Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, EDF Energy possède 66,5 % du projet de construction de deux centrales nucléaires sur le site de Hinkley Point, les 33,5 % restants étant détenus par China General Nuclear Power Corporation (CGN). La société de projet Nuclear New Build assure la maîtrise d’ouvrage du projet et la Direction Ingénierie et Projets Nouveau Nucléaire (DIPNN) ainsi qu’Edvance assurent les études de conception.

EDF développe également, dans le cadre du partenariat avec CGN, deux projets de construction nucléaire au Royaume-Uni : Sizewell C et Bradwell B (voir la section 1.4.5.1.2.4 « Division Nouveau Nucléaire »).

EPR de Taishan

En Chine, EDF est actionnaire à hauteur de 30 % de la société TNPJVC (Taishan Nuclear Power Joint Venture Company Limited), société qui a pour objet la construction et l’exploitation de deux réacteurs nucléaires de technologie EPR à Taishan, dans la province chinoise du Guangdong. CGN est actionnaire à hauteur de 51 % et Yudean à hauteur de 19 %.

La tranche 1 a fonctionné sans aléa notable au cours de sa première année d’exploitation. La production annuelle nette pour 2019 est de 11,953 TWh pour la tranche 1 et de 4,225 TWh pour la tranche 2.

En 2019, la tranche 2 a franchi les jalons majeurs permettant sa mise en service commerciale le 7 septembre 2019.

Le soutien technique d’EDF au projet Taishan s’est poursuivi tout en capitalisant sur le retour d’expérience des activités de démarrage et d’exploitation pour les autres projets EPR. En 2020, le principal enjeu concerne la réussite de la visite complète de la tranche 1, prévue à partir de début juillet pour une durée de 80 jours.

À ce jour, la mise en service commerciale de la tranche 1 s’est effectuée sur la base d’un tarif inférieur aux attentes d’EDF et en vigueur jusqu’à fin 2021 (voir section 2.2.4 « Performance opérationnelle – facteur de risque 4A – Maîtrise des grands projets industriels complexes, y compris les projets EPR »). Les discussions entre les producteurs d’électricité et les autorités chinoises arrêteront le tarif définitif qui s’appliquera aux centrales nucléaires de 3e génération. Le travail se pour suit auprès des autorités compétentes en vue de définir son évolution future.

Préparation d’un programme de nouveaux réacteurs nucléaires en France

Le gouvernement a publié le 25 janvier 2019 les orientations de la programmation pluriannuelle de l’énergie. Conformément à ces orientations, le gouvernement a demandé au Groupe EDF de préparer avec la filière nucléaire, d'ici mi-2021, un dossier sur un programme de renouvellement des installations nucléaires en France. Le contrat de filière, signé le 28 janvier 2019 par l’État et le Comité stratégique de filière nucléaire (CSFN), comporte un volet relatif à la préparation des capacités industrielles nécessaires à la réalisation d’un programme de construction de nouveaux réacteurs en France. Afin de s’inscrire dans cette démarche, EDF a engagé la préparation de propositions économiques et industrielles sur la base de la technologie EPR 2. EDF fournira ainsi les éléments permettant aux pouvoirs publics de définir un cadre de régulation approprié pour assurer le financement d’un tel programme industriel.

EPR 2

EDF a remis un dossier d’option de sûreté du projet « EPR Nouveau Modèle » (EPR NM) fin 2016 à l’Autorité de sûreté nucléaire qui a procédé à son instruction en 2017. Début 2018, le Groupe Permanent d’experts pour les réacteurs nucléaires a remis ses conclusions sur ce dossier d’option de sûreté. En particulier, il « constate que la plupart des évolutions de conception retenues pour le projet EPR NM tiennent compte des enseignements tirés du retour d’expérience du réacteur EPR Flamanville et du parc en fonctionnement ainsi que des enseignements tirés de l’accident de Fukushima Daiichi » et « considère que les options de conception retenues pour le projet EPR NM, complétées ou modifiées à la lumière des discussions intervenues au cours de l’instruction technique qui ont conduit à de nombreux engagements, sont de nature à assurer un niveau de sûreté au moins équivalent à celui du réacteur EPR Flamanville 3 et conforme aux recommandations du guide ASN n° 22 (relatif à la conception des réacteurs à eau sous pression) ». Dans son avis n° 2019-AV-0329 du 16 juillet 2019, l’Autorité de sûreté nucléaire « considère que le référentiel de sûreté retenu pour le projet de réacteur EPR NM est globalement satisfaisant, notamment au regard de la réglementation, du guide du 18 juillet 2017 […] et des recommandations internationales ».

Par ailleurs, les travaux menés par EDF et Framatome sur le projet EPR NM ont permis de figer fin 2017 la configuration technique d’un modèle baptisé EPR 2 qui pourrait remplacer les réacteurs du parc nucléaire actuellement en exploitation en France et, à terme, élargir l’offre de la filière nucléaire française à l’export.

EPR 2 est une version optimisée de l’EPR, qui se place dans la continuité industrielle de l’EPR tout en intégrant le retour d’expérience des chantiers EPR et des centrales en exploitation.

Projets en développement

EDF a signé en mars 2018 un accord de coopération industrielle non engageant avec l’électricien national indien Nuclear Power Corp of India Ltd. (NPCIL) pour la construction de 6 réacteurs EPR en Inde sur le site de Jaitapur. Cet accord définit le schéma industriel, les rôles et responsabilités des partenaires ainsi que les prochaines étapes du projet. Dans ce cadre, EDF et ses partenaires fourniront l’ensemble des études et des équipements de l’îlot nucléaire, de l’îlot conventionnel, des systèmes auxiliaires ainsi que des sources froides et galeries. EDF ne sera pas investisseur dans ce projet. Une offre complète conditionnée non engageante a été remise à NPCIL fin 2018 par EDF et ses partenaires. L’année 2019 aura été marquée par des progrès significatifs sur la convergence technique.

(1) Voir communiqué de presse d'EDF du 9 octobre 2019 « EPR de Flamanville : EDF privilégie un scénario de remise à niveau des soudures de traversées du circuit secondaire principal par robots et ajuste le calendrier et l’estimation du coût de construction ».
(2) En euros 2015, hors intérêts intercalaires. 
(3) Norme IAS 16 paragraphe 22 portant sur les coûts anormaux exposés dans le cadre d’immobilisations construites par l’entreprise. Ces coûts affecteront les années 2020,2021 et 2022. Pour 2020, l’impact sur le résultat net part du Groupe est estimé, toutes choses égales par ailleurs, à - 0,4 milliard d’euros, sans affecter le résultat net courant.
(4) Norme IAS 16 paragraphe 17.