5. Performance financière du Groupe et perspectives

Le principe général de couverture repose sur :

  • un netting des positions amont/aval ; chaque fois que possible couverture des ventes aux clients finals par cession interne ;
  • une fermeture graduelle des positions avant l’année budgétaire, sur la base d’une trajectoire de couverture définie(1) permettant de capturer un prix moyen, avec une sur pondération possible de l’année N-1 compte-tenu des contraintes de liquidité sur les marchés à terme.

En ce qui concerne l’électricité France, EDF est exposé à une très forte incertitude sur son exposition nette du fait de l’optionalité du dispositif ARENH et des incertitudes sur de possibles évolutions réglementaires de ce dernier (notamment le risque de relèvement jusqu’à 150 TWh du plafond des volumes mis à disposition, dans la cadre de la « La loi énergie climat » votée en 2019). Les volumes souscrits n’étant connus que très peu de temps avant la période de livraison, EDF est amené à prendre en des hypothèses de souscription incluant des marges de prudence. Par ailleurs, les fournisseurs ont la possibilité de réviser à la hausse ou à la baisse leur demande de souscription d’Arenh à chaque guichet semestriel, sous réserve de respecter à l’article R336-16 du code de l’énergie qui leur interdit les demandes en sens contraire lors du guichet semestriel suivant. Par exemple, si un fournisseur porte à zéro sa demande lors d’un guichet semestriel, il ne peut formuler de demande d’Arenh lors du guichet suivant. EDF reste ainsi soumis aux risques de non-réalisation de ses hypothèses, pouvant l’amener à devoir vendre dans l’année budgétaire des volumes réservés et finalement non souscrits ou, à l’inverse, à devoir racheter des volumes vendus en amont du guichet ARENH sur la base d’une hypothèse de non-souscription. Ce risque est d’autant plus élevé que le prix énergie + capacité sur le marché de gros est proche du prix de l’ARENH (42 €/MWh).

Compte tenu de ses interactions fortes avec les décisions prises au sein des métiers de production, de commercialisation et de trading, le dispositif de contrôle des risques marchés énergies repose sur un système de mesure et d’indicateurs de risques, comprenant notamment des procédures d’alerte en cas de dépassement de limites de risques et impliquant la Direction du Groupe.

L’exposition consolidée des risques marchés énergies des entités dont EDF assure le contrôle opérationnel est présentée 3 fois par an au Comité exécutif. Les processus de contrôle sont régulièrement évalués et audités.

5.1.6.2.3 Principes de gestion opérationnelle et de contrôle des risques marchés énergies

Les principes de gestion opérationnelle et de contrôle des risques marchés énergies, pour les entités dont le Groupe assure le contrôle opérationnel, s’appuient sur une séparation stricte des responsabilités pour la gestion des risques marchés énergies, distinguant ce qui relève, d’une part, des gestionnaires d’actifs (production et commercialisation) et, d’autre part, du trading.

Les gestionnaires d’actifs de production et de commercialisation ont la responsabilité de mettre en œuvre une stratégie de gestion des risques qui lisse l’impact des risques marchés énergies sur la variabilité de leurs états financiers. Les qualifications comptables de ces couvertures sont présentées en note 44 « Instruments dérivés et comptabilité de couverture » de l’annexe aux comptes consolidés de l’exercice clos le 31 décembre 2019. Ils restent néanmoins exposés aux tendances structurelles d’évolution des prix à hauteur des volumes non encore couverts et aux incertitudes sur les volumes (ARENH, disponibilité des moyens de productions, consommation des clients).

Dans le Groupe, pour les entités contrôlées opérationnellement, les positions sur les marchés énergies sont prises de manière prépondérante par EDF Trading, qui est l’entité de trading du Groupe et qui intervient sur les marchés soit pour le compte d’autres entités du Groupe soit pour son activité de trading pour compte propre adossée aux actifs industriels du Groupe. En conséquence, EDF Trading est soumis à un cadre de gouvernance et de contrôle strict, notamment la réglementation européenne relative aux sociétés de trading.

EDF Trading intervient sur les marchés organisés ou de gré à gré, sur des instruments dérivés tels que les futures, forwards, swaps et options (quelle que soit la qualification comptable au niveau du Groupe). Les expositions d’EDF Trading sur les marchés énergies sont strictement encadrées par un suivi quotidien des limites, supervisées par le management de la filiale et par la Direction chargée du contrôle des risques marchés énergies au niveau du Groupe. De plus, des procédures d’alerte automatique des membres du Conseil d’administration d’EDF Trading ont été mises en place en cas de dépassement de limites de risques (limite de valeur en risque) et de pertes (limite stop-loss). La valeur en risque (Value at Risk ou VaR) désigne une mesure statistique de la perte potentielle maximale de valeur de marché que peut subir un portefeuille en cas d’évolution défavorable des marchés sur une période et avec un intervalle de confiance donnés(2). Les limites spécifiques de capital en risque complètent la VaR pour les domaines (opérations sur marchés illiquides et pour contrats long terme ou structurés) pour lesquels cet indicateur statistique est difficile à mettre en œuvre. La limite stop-loss précise l’appétence au risque de l’activité de trading en fixant les pertes par rapport au maximum de la marge trading atteint sur trois mois glissants. En cas de dépassement de ces limites, le Conseil d’administration d’EDF Trading prend les mesures justifiées, qui peuvent inclure notamment la clôture de certaines positions.

En 2019, l’engagement d’EDF Trading sur les marchés a été encadré par une limite de VaR (Value at Risk) de 35 millions d’euros, une limite de capital en risque pour contrats long terme et une limite de capital en risque pour opérations sur marchés illiquides de 250 millions d’euros chacune et une limite stop-loss de 180 millions d’euros.

Seule la limite de capital en risques pour opérations sur marchés illiquides a été dépassée en 2019, temporairement et pour un montant très limité. Depuis son instauration, le stop-loss n’a par ailleurs jamais été activé.

Pour une analyse des couvertures de juste valeur liées aux matières premières du Groupe, voir note 44.5 de l’annexe aux comptes consolidés de l’exercice clos le 31 décembre 2019. Pour le détail des contrats dérivés de matières premières non qualifiés de couvertures conclus par le Groupe, voir note 45.3 de l’annexe aux comptes consolidés de l’exercice clos le 31 décembre 2019.

(1) Les cadres de gestion, approuvés chaque année par le Groupe pour chaque entité exposée aux risques marchés énergies, peuvent inclure des schémas d’accélération ou de décélération autorisant à déroger à ces trajectoires définies en cas de franchissement de seuils de prix prédéfinis. Du fait de leur caractère dérogatoire au principe général de couverture graduelle, la mise en place de tels schémas est strictement encadrée.
(2) EDF Trading évalue la VaR par une méthode dite « de Monte Carlo » qui s’appuie sur les volatilités et les corrélations historiques estimées à partir des prix de marché observés sur les 40 derniers jours ouvrés. La limite de VaR s’applique au portefeuille global d’EDF Trading.