1. Le Groupe, sa stratégie et ses activités

La fluoration (ou conversion)

Les besoins d’EDF sont assurés par Orano en France, ainsi que par les autres producteurs mondiaux, tels que Cameco au Canada, Converdyn aux États-Unis et Tenex en Russie.

L’enrichissement de l’uranium naturel en uranium 235

EDF couvre ses besoins en services d’enrichissement auprès des grands enrichisseurs mondiaux Orano (France), Urenco (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, États-Unis) et Tenex (Russie), sur la base de contrats à prix majoritairement fixes, décroissants en monnaie constante.

La filière uranium de retraitement enrichi

Cette filière constituée dès les années 1990 permet de recycler dans les réacteurs de l’uranium issu du traitement du combustible usé, qui constitue environ 95 % de lamasse du combustible usé.

La filière a été suspendue en 2013, dans l’attente de la disponibilité d’un nouveau schéma industriel.

En 2018, le Conseil d’administration a approuvé la relance d’une filière robuste, compétitive et performante, avec des premiers chargements d’assemblages prévus à l’horizon 2023, sous réserve de la réalisation des modifications techniques et de l’obtention des autorisations de l’autorité de sûreté nécessaires. Les contrats correspondants ont été signés avec les fournisseurs respectifs en 2018. Dans l’attente de la reprise effective de la filière, l’uranium issu du retraitement est stocké sous forme stable.

La fabrication des assemblages de combustible

EDF se fournit en assemblages de combustible soit en interne au travers de sa filiale Framatome, soit en externe, le fournisseur externe principal étant Westinghouse.

L’aval du cycle

EDF est responsable du devenir et du traitement de ses combustibles usés et des déchets associés sans transfert possible ni limitation dans le temps. Orano est chargé du traitement des combustibles usés et l’ANDRA est chargée des opérations de gestion à long terme de stockage des déchets ultimes, conformément aux orientations définies par la loi du 28 juin 2006 relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs codifiée.

En matière de cycle du combustible, la stratégie d’EDF actuellement retenue, en accord avec l’État, est de pratiquer le traitement des combustibles usés et le recyclage des matières valorisables et notamment du plutonium ainsi séparé sous forme de combustible MO X. Les quantités traitées sont déterminées en fonction de la quantité de plutonium recyclable dans les réacteurs autorisés à charger du combustible MOX (principe de « l’égalité des flux »). Les capacités de recyclage des tranches nucléaires du parc français conduisent à traiter environ 1 100 tonnes de combustibles usés par an.

En complément, dans le cadre de l’anticipation des besoins en entreposage du parc de production nucléaire, EDF travaille actuellement sur la conception d’une piscine d’entreposage de combustible usé de grande capacité. Elle permettra notamment l’entreposage long terme (pour une durée de l’ordre de 100 ans) des combustibles MOX et URE usés venant des REP et des assemblages du réacteur à neutrons rapides « Super phénix » entreposés dans l’APEC, piscine d’entreposage de combustible de la centrale de Creys-Malville dans l’attente d’un multi-recyclage dans les réacteurs à eau sous pression de 3e génération ou d’un recyclage dans des réacteurs de quatrième génération dits « GEN IV ».

Le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs 2016-2018 a identifié le besoin de capacités complémentaires d’entreposage de combustible usé à l’horizon 2030 et a demandé en conséquence à EDF de déposer une demande d’autorisation de création d’ici 2020.

La 5e édition du PNGMDR 2019-2021 a fait l’objet d’un débat public en 2019 organisé par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) dont le compte rendu a été publié le 25 novembre 2019. Le Gouvernement et l’ASN, maîtres d’ouvrages du PNGMDR, ont également publié leurs conclusions sous la forme d’une décision publiée au JO, actant « la poursuite des travaux liés à la mise en œuvre de nouvelles capacités d’entreposage centralisées sous eau » et « [l’évolution du] cadre réglementaire applicable à la gestion des déchets de très faible activité », deux améliorations proposées par EDF dans son cahier d’acteur.

Le traitement des combustibles usés issus des centrales nucléaires d’EDF

Les combustibles usés en attente de traitement sont entreposés dans les piscines de refroidissement sous eau, dans un premier temps dans les piscines des centrales puis dans celles de l’usine de traitement d’Orano à La Hague. Les conditions d’entreposage sont reconnues sûres sur une échelle de temps séculaire. Une dizaine d’années après leur déchargement du réacteur, les combustibles usés à l’uranium naturel enrichi sont traités afin de séparer les produits réutilisables des déchets. Les déchets sont ensuite conditionnés et entreposés sur le site de La Hague dans des installations spécifiques.

Les relations entre EDF et Orano relatives au transport, au traitement des combustibles usés et à leur recyclage sont formalisées pour la période 2008-2040 par un accord-cadre signé le 19 décembre 2008.

EDF et Orano ont signé en février 2016 un contrat d’application couvrant la période 2016-2023 ainsi que les contrats de fourniture d’assemblages MOX associés.

L’alimentation en combustible des deux réacteurs d’EDF à Hinkley Point (Royaume-Uni)

EDF a signé avec Orano et Framatome en septembre 2016 des contrats de fourniture d’uranium, de services de conversion et d’enrichissement et de fabrication d’assemblages en vue de l’alimentation en combustible des réacteurs d’Hinkley Point C.

Le stockage des déchets ultimes conditionnés

Les déchets radioactifs, suivant leur nature, leur niveau de radioactivité et la durée de vie des radio nuclides les constituant, ont été classés en différentes catégories : des déchets HA (Haute Activité) aux déchets TFA (Très Faible Activité) en passant par les déchets FA (Faible Activité) et MA (Moyenne Activité). Ils sont dits « à vie longue »lorsque leur période d’activité dépasse 31 ans.

Déchets de Haute Activité à Vie longue (HAVL)

Le traitement des combustibles usés permet la vitrification des déchets HAVL, qui assure un conditionnement de très haute qualité dans un volume réduit. Les déchets sont ensuite entreposés à La Hague dans des installations spécifiques. À titre d’illustration l’ensemble des déchets HAVL ainsi produits, correspondant à l’exploitation des anciennes centrales et à 50 années d’exploitation du parc RE Pactuel, représenterait un volume d’environ 9 300 mètres cubes (la consommation électrique d’un million de personnes pendant un an génère environ 3 mètres cubes de déchets HAVL).

Déchets de Moyenne Activité à Vie longue (MAVL)

Les structures des assemblages (coques et embouts, morceaux de gaines, etc.) séparées lors du traitement du combustible usé constituent des déchets MAVL. Ils sont aujourd’hui compactés et conditionnés dans des conteneurs en acier inoxydable.Des déchets MAVL sont aussi issus de certaines opérations d’exploitation, de maintenance et du démantèlement. À titre d’illustration, le volume total des déchets MAVL, incluant notamment les déchets issus de l’exploitation et du démantèlement des installations arrêtées, dont les réacteurs Uranium Naturel – Graphite-Gaz et ceux issus du parc REP actuel en prenant en compte 50 années de durée de fonctionnement des centrales et les opérations de démantèlement, représenterait environ 37 000 mètres cubes. En comparaison aux déchets HAVL, ils dégagent moins de chaleur, et se prêtent de ce fait à un stockage plus rapide sans refroidissement.

Les déchets HAVL et MAVL issus du retraitement du combustible usé sont entre posés à La Hague dans des installations spécifiques dédiées dans l’attente d’une mise en œuvre du stockage en couche géologique profonde, tel qu’il est actuellement envisagé dans le projet du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) de l’ANDRA.

En complément, Cigéo est le projet français de centre de stockage profond de déchets radioactifs de types MAVL et HAVL. Il est conçu pour stocker les déchets hautement radioactifs et à durée de vie longue produits par l’ensemble des installations nucléaires françaises actuelles, jusqu’à leur démantèlement, et par le traitement des combustibles usés utilisés dans les centrales nucléaires. Après quinze ans de recherche, des évaluations et un débat public, le principe du stockage profond a été retenu par la loi n° 2006-739 du 28 juin 2006 de programme relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs comme solution sûre à long terme pour gérer ce type de déchets sans en reporter la charge sur les générations futures.

Il est prévu que ce centre soit implanté dans l’Est de la France, à la limite de la Meuse et la Haute-Marne. Cigéo sera composé d’installations de surface, notamment pour accueillir et préparer les colis de déchets et pour réaliser les travaux de creusement et de construction des ouvrages souterrains. Les déchets seront stockés dans des installations souterraines, situées à environ 500 mètres de profondeur, dans une couche de roche argileuse imperméable choisie pour ses propriétés de confinement sur de très longues échelles de temps (plusieurs centaines de milliers d’années). Cigéo est prévu pour être exploité pendant au moins 100 ans, tout en étant flexible afin de laisser aux générations futures la possibilité d’adaptations.

La loi n° 2016-1015 du 25 juillet 2016 (codifiée), qui précise les modalités de création d’une installation de stockage réversible en couche géologique profonde, constitue la levée d’un préalable important à l’obtention d’une autorisation de création de Cigéo pour la gestion des déchets radioactifs HA-MAVL. Les études de conception réalisées par l’ANDRA se poursuivent en vue de présenter un dossier de demande de création de l’installation fin 2020.