Intensité eau : eau consommée / production électrique du parc (l/kWh)
Indicateur clé de performance extra-financière (cf. table de concordance DPEF en section 8.5.4). Pour le périmètre et la méthodologie de cet indicateur, voir section 3.4 « Indicateurs et méthodologie ». Cet indicateur réfère à l’enjeu matériel n 9 « Économie circulaire et préservation de la biodiversité, de l’eau, de l’air, des sols, des ressources rares » décrit en section 3.6.2 « Description des enjeux de la matrice de matérialité ».
Compte tenu de l’évolution prévue des moyens de production et des différentes actions pour optimiser l’eau, les prélèvements et consommations globales d’eau douce à l’échelle du Groupe devraient baisser dans les années à venir. L’ambition affichée est de diminuer progressivement la consommation d’eau spécifique à l’horizon 2030 par rapport à la référence 2015 (0,96 l/kWh), et de ne pas dépasser la cible de 1 l/kWh en moyenne sur 5 années consécutives. Ce seuil, très bas par rapport à la moyenne du secteur, notamment aux États-Unis(1), permet de relativiser une année climatique exceptionnelle qui fera monter ou baisser significativement l’indicateur annuel. La moyenne de l’intensité eau sur la période 2015-2019 est de 0,91 l/kWh.
L’optimisation de l’eau utilisée dans notre production électrique est très importante pour garder la maîtrise de l’eau en tant que ressource, respecter nos engagements de garantie des multi-usages de l’eau (eau potable, irrigation, tourisme, etc.) et les besoins des autorités locales. Le groupe EDF travaille sur plusieurs leviers pour optimiser son utilisation d’eau et réduire la pression sur les milieux :
Dans les départements d’outre-mer, où EDF investit dans de nouvelles centrales de production thermique pour assurer l’équilibre offre demande, la R&D d’EDF a conçu des systèmes de refroidissement des moteurs par air avec des « aéro réfrigérants secs », qui réduisent les prélèvements d’eau de 700 000 mètres cubes par an et par centrale. Les nouvelles centrales d’EDF PEI ne sont désormais plus refroidies à l’eau de mer. En 2019, le CNPE de Golfech a engagé une expérimentation avec une PME locale pour réduire ses prélèvements d’eau en Garonne ainsi que l’utilisation des produits chimiques pour la production d’eau déminéralisée (300 000 m3 /an). Au Chili, suite à une longue sécheresse ayant fait baisser le niveau de la nappe de 1 m en moins d’un an, des mesures spécifiques ont été prises pour la centrale CCG de Nueva Renca et ont permis de diviser par 2 l’eau de process en passant de 12 t/hen 2018 à 6 t/h en 2019. Au Brésil, le projet d’une seconde centrale CCG à côté de Norte Fluminense est à l’étude et prévoit, dès la conception, un système de refroidissement à air et non à eau.
La réutilisation des eaux de process et de refroidissement se développe dans le Groupe lorsque c’est pertinent. En Chine, la centrale Ultra-supercritique de Fuzhou réutilise toutes ses eaux de process de manière séquentielle et en fonction de la qualité de l’eau (du refroidissement à l’arrosage des cendres et des jardins). Dans les grandes installations de combustion de biomasse de Dalkia, les eaux de rejet de process sont utilisées pour refroidir les cendres sous foyer des chaudières, de façon à limiter les volumes d’effluent liquide à traiter. En France, les centrales thermiques de Corde mais et Martigues récupèrent les eaux de pluie ou recyclent leurs effluents afin de réduire leur consommation d’eau de ville de moitié. Au Royaume-Uni, l’eau de pluie est récupérée et réutilisée sur le site en construction de Hinkley Point C pour l’élimination des poussières de chantier. Le nouveau centre R&D de Saclay utilise les eaux de pluie de récupération pour alimenter 50 % des eaux de toilettes du site.
Dans certains cas, la fourniture d’une partie de l’eau du circuit de refroidissement échauffée de certaines centrales nucléaires pour différents usages (agricoles, industriels, etc.) est autorisée dans le cadre de prescriptions réglementaires spécifiques.
EDF a plusieurs expérimentations d’unité de dessalement sur ses sites : une unité de dessalement fonctionne depuis 2016 à Flamanville 3 pour la production d’eau déminéralisée pour le process ainsi que pour les autres tranches existantes. En Corse du Sud, EDF a conçu la source froide d’une centrale thermique en installant une prise d’eau de mer, permettant de réduire significativement la consommation d’eau douce. En Guadeloupe, la centrale TAC de Jarry Sud possède elle aussi une installation de dessalement d’eau de mer, permettant de ne plus utiliser l’eau de ville et l’économie de près de 50 000 m3 /an d’eau douce. En Italie, Edison dispose de puis fin 2016 d’une centrale CCG (Simeri Crichi) équipée de dispositifs de dessalement d’eau de mer pour remplacer ses prélèvements en eau douce.
Actuellement, un pilote d’une nouvelle technologie est en cours de test sur le site du CCG de Martigues. S’il est positif, cette technologie pourrait être utilisée pour produire de l’eau de process à partir de l’eau de mer sur de nombreux sites. Le principe appelé Aqua Omnes consiste en une extraction des sels de chlorure de sodium (NaCl) de l’eau de mer par l’intermédiaire de résines liquides. La régénération de la résine liquide est obtenue par chauffage. L’objectif du procédé est d’obtenir une eau dessalée (pour les eaux de process) à faible coût grâce à la disponibilité de l’eau de mer en abondance.
2019 a été l’année la plus chaude dans le monde, avec une augmentation des évènements extrêmes. Au Laos, la saison sèche a été plus longue et plus intense conduisant à une réduction de la production de Nam Theun 2 entre mai et août, la saison des pluies a été tardive et intense avec deux typhons en deux semaines (fin août) qui ont rempli plus rapidement que la normale le réservoir, et où 240 hm3 ont dû être évacués par l’évacuateur de crues. En France, 2019 est une année climatique atypique avec plus de neuf mois très sec et deux canicules en un mois, exceptionnelles en intensité mais de courtes durée, puis des records de précipitation sur les deux derniers mois. Des records absolus de températures d’air et des impacts thermiques forts sur les températures d’eau ont été observés sur certains sites. Cette situation a conduit à des étiages sévères sur de nombreux cours d’eau et fleuves dès l’été et jusqu’à l’automne. Ainsi, pour faire face à ces conditions climatiques particulières, voire exceptionnelles, sur certains fleuves comme la Meuse ou la Moselle, différents leviers ont été activés au sein d’EDF pour optimiser la production(2) et répondre aux attentes des parties prenantes. Six retenues ont été placées en gestion exceptionnelle de juin à août et les lâchers d’eau pour les soutiens externes ont été très soutenus en 2019, avec un record de 725 Mm3 déstockés pour répondre aux différents besoins des usagers de l’eau dans le cadre des cahiers des charges des concessions hydroélectriques ou des conventions de partage de l’eau. Deux retenues ont fait l’objet de réquisition préfectorale pour un soutien d’étiage complémentaire. Globalement, EDF a fait face à ses engagements vis-à-vis de ses parties prenantes en termes de soutien d’étiage ou à destination de l’agriculture, et en termes de débits restitués ou de respect des niveaux d’eau à des fins touristiques. Seule la cote touristique de Serre-Ponçon n’a pu être respectée la dernière quinzaine d’août.
Malgré ces conditions estivales particulièrement sèches et chaudes, la perte de production nucléaire en France (ratio énergie nette perdue surproduite) liée aux températures et/ou débits des fleuves, a éte limitée à 0,35 % (soit 1,4 TWh), en baisse de presque 50 % par rapport à 2018 (année également particulièrement chaude).
Partout où il opère, EDF assure une gestion rigoureuse de l’eau de chaque site tout en s’inscrivant dans une logique de gestion de l’eau par bassin hydrographique.
En (Suite page 162)
(1) Intensité comprise dans une fourchette allant de 1.43 à 3,54 l/kWh. Voir « Regional water consumption for hydro and thermal electricity generation in the United States » –Revue Applied Energy – mai 2017.
(2) Il s’agit des centrales en bord de rivière utilisant de l’eau douce ; les centrales en bord de mer ne sont pas concernées par les questions d’élévation de température et de débits.